Israël-Palestine : qui croit encore à une solution à deux Etats ?

A Gaza, une enfant réfugiée dans une école de l'ONU (AFP / Ezz Al-Zanoun / Anadolu Agency )

Le 14 juillet dernier, une semaine après le début de l'offensive sur Gaza, le premier ministre israélien  Benjamin Netanyahu avait clairement exposé sa ligne politique : « Je pense que le public israélien comprend à présent ce que j’ai toujours dit : Il ne doit pas y avoir une situation dans laquelle nous renoncerions au contrôle de la sécurité sur le territoire à l’ouest du Jourdain ». En d’autres termes, décodé sur son blog par le journaliste Charles Enderlin, "un Etat palestinien indépendant et souverain ne devrait pas exister en Cisjordanie". 

Dans son dernier livre paru en 2013, Au nom du temple - Israël et l'irrésistible ascension du messianisme juif (1967-2013, Seuil), le correspondant de France 2 en Israël expliquait déjà ne plus croire plus à la paix parce que “les colons ont gagné”. 

“Ces révolutionnaires nationalistes religieux ont réussi à créer une situation quasiment irréversible en Cisjordanie", avait-il déclaré aux Inrocks (8 mai 2013) avant d'ajouter : “Il n’y aura pas d’Etat palestinien, car on n’évacuera pas 350 000 colons juifs de Cisjordanie.”  

Le témoignage d'un négociateur palestinien

"Il n'y aura pas d'Etat palestinien", c'était aussi la thèse, trois ans, plus tôt, du livre du franco-palestinien Ziyad Clôt. Cet avocat avait participé à la préparation de la conférence d'Annapolis qui devait relancer en 2007 les pourparlers israélo-palestiniens.

De cette expérience et de ce nouvel échec, écrivait Gilles Paris dans Le Monde du 29 septembre 2010,  "Ziyad Clot retire une conviction : celle que l'inégalité des forces en présence condamne fatalement à mort tout processus de paix, le plus faible ne pouvant consentir aux exigences du plus fort. Négociateur par accident, il plaide finalement pour cet Etat unique mêlant Israéliens et Palestiniens mais qui fait encore l'unanimité contre lui."

Au-delà du bilan sanglant des bombardements israéliens - au moins 1200 morts, dont plus de deux cents enfants- , l'intervention israélienne a mis en lumière, une nouvelle fois, la situation dramatique dans l'étroite bande de Gaza surpeuplée, asphyxiée depuis six ans par le blocus israélien. Et souligne l'absence d'issue politique (sinon relancer le Hamas, revenu, selon Le Monde, "au centre du jeu diplomatique").

Elle permet aussi de pointer la passivité de l'Union européenne, qualifiée en 2010, après la guerre de Gaza de 2009, de "fuyant ectoplasme" par Régis Debray dans une lettre ouverte d'une centaine de pages A un ami israélien (l'historien et ex-ambassadeur Elie Barnavi). Lettre où l'écrivain appelait à arrêter d'urgence la colonisation, cette "digestion territoriale en voie d'achèvement".  Quatre ans plus tard,  Benjamin Netanyahu refuse tout gel de la colonisation.

Livres cités :

♦ Charles Enderlin Au nom du temple - Israël et l'irrésistible ascension du messianisme juif (1967-2013, Seuil) 

♦ Charles Enderlin : Paix ou guerres. Les Secrets des négociations israélo-arabes ? 1917-1995  (Fayard); Le Rêve brisé. Histoire de l'échec du processus de paix au Proche-Orient. 1995-2002 (2002, Fayard) ; Les Années perdues. Intifada et guerres au Proche-Orient. 2001-2006 (2006, Fayard). Une trilogie sur l'échec des pourparlers israélo-palestiniens.

♦ Ziyad Clôt, Il n'y aura pas d'Etat palestinien, Journal d'un négociateur en Palestine (Max Milo, 2010)

 Régis Debray, A un ami israélien (Flammarion, 2010)