Bien que les investissements étrangers dans le vignoble français soient une réalité, la majorité des transactions reste franco-française. En effet les propriétaires, exploitants viticoles, cherchent à compléter leurs exploitations. De même les négociants ont parfois besoin d'augmenter leur surface viticole pour répondre à la demande créée par leur action commerciale. Les coopératives viticoles, elles, cherchent à préserver, voire à développer leurs aires d'apport pour pérenniser leur entreprise en aidant les coopérateurs à acheter des vignes.
Pour avoir une idée exacte de l'importance de ces investissements étrangers, on peut se référer à Vinéa Transaction...
Qu'est-ce-que Vinéa Transaction ?
C'est le premier réseau français spécialisé dans la transaction des domaines viticoles et qui fait référence au niveau international.
Le réseau comprend 9 agences implantées dans les principaux vignobles :
- à Montpellier pour le Languedoc-Roussillon
- à Port-Fréjus pour la Provence
- à Chateuneuf-du-Pape pour la Vallée du Rhône
- à Belleville-sur-Saône pour Bourgogne-Beaujolais
- à Mérignac pour Bordeaux-Aquitaine
- à Carquefou pour le Val de Loire
- à Epargues pour Cognac
- à Vic Fézensac pour Armagnac-Sud-Ouest
- à Witry-les-Reims pour Champagne-Alsace
Vinéa Transaction publie périodiquement des études permettant d'analyser les marchés et les tendances. Selon ces études, les acheteurs étrangers détiennent aujourd'hui 2% du vignoble français. Mais les disparités régionales sont fortes, Bordeaux et l'arc méditerranéen concentrent 90% des investissements étrangers, alors que la pénétration est très limitée en Bourgogne, Beaujolais et Val de Loire. Les premières implantations ont eu lieu avant 1990 mais les investissements se sont surtout développés entre 2000 et 2010 car le contexte économique, politique et social est encore bon avec l'arrivée de l'Euro et un taux de change avantageux. Par contre, les Britanniques arrêtent presque tous leurs investissements après 2008, leur économie ayant été durement touchée par la crise.
De 2010 à 2015 la succession des crises provoque un ralentissement significatif des investissements. Seule exception, le Bordelais où les Chinois ont continué d'investir après 2010.
Le détail des études dans les principales régions
- Le Bordelais
Présents depuis le 17ème siècle, les Anglais sont aujourd'hui dépassés par les Chinois attirés par la renommée du Bordeaux. 4,6% des surfaces sont détenues par des investisseurs étrangers, soit plus de 5000 hectares répartis en 194 domaines et châteaux. Le Médoc et Saint-Emilion sortent du lot avec 43% des opérations. Les Chinois sont en tête des investisseurs étrangers à 47%, suivis par les Belges à 21% et les Britanniques à 11% alors que ces deux derniers dominaient le marché avant 2010.
- Le Languedoc-Roussillon
Les investisseurs étrangers sont séduits par le bon rapport qualité/prix, le climat, et la proximité de la Méditerranée. C'est la région viticole, après Bordeaux, qui attire le plus d'acheteurs étrangers. Ceux-ci possèdent 2130 hectares de vignes soit 84 domaines. Les nationalités sont diverses, en tête les Britanniques à 31%, suivis par les Suisses à 18% et les Belges à 11%. Il y a également des Russes, des Chinois, des Suédois et des Australiens. Les acheteurs étrangers préfèrent les zones d'AOP, en particulier Corbières et Minervois. Les IGP ne représentent qu'un tiers des investissements.
- La Provence
Les investissements étrangers représentent 2000 hectares, soit 62 domaines. Le chiffre parai élevé mais il est en proportion avec celui des investissements immobiliers, la région PACA étant dans ce domaine la deuxième région de France recherchée par les acheteurs étrangers. Les achats viticoles sont majoritairement partagés entre les Britanniques à 24%, les Suisses à 18% et les Allemands à 11%. Les transactions ont eu lieu entre 1995 et 2010, ce qui correspond au développement des rosés de Provence.
- La vallée du Rhône
94% des investissements étrangers se situent dans le sud du vignoble, surtout rive gauche du Rhône dans les appellations du Vaucluse mais aussi les satellites Ventoux et Lubéron. 1300 hectares soit 50 domaines sont détenus à 60% par des Britanniques, des Belges et des Néerlandais à part égale. Les États-Unis sont également présents avec 10% des transactions.
- Bourgogne-Beaujolais
Marché peu ouvert aux investissements étrangers. On ne compte que 31 transactions pour 380 hectares de vignes. L'hétérogénéité de la région et le prix très élevé en Côtes de Nuits et Côtes de Beaune (10 millions d'euros/hectare) ne sont pas propices aux transactions. 80% des achats ont été réalisés par des Britanniques, des Américains, des Suisses et des Belges. Les asiatiques commencent à investir, c'est ainsi que le Château de Gevrey-Chambertin a été racheté par un investisseur de Macao.
- Val de Loire
Région la plus hétérogène, elle est ainsi peu attractive. Seulement 244 hectares pour 15 domaines sont répertoriés dans les achats par des étrangers dont 53% ont eu lieu entre 2000 et 2005. Les transactions ont été réalisés par des Belges à 27%, des Britanniques à 20% et des Néerlandais à 13%.
La période 2000-2010 a donc été active, mais depuis les investissements étrangers dans le vignoble français se sont considérablement ralentis. Le marché est à présent en attente. Les étrangers reviendront-ils ? C'est possible si les conditions redeviennent favorables.
Source : Revue Française d’œnologie, bimestriel N° 272 de septembre/octobre 2015