Ce matin, pour la nouvelle matinale de France Inter, à l'heure de l'entretien politique, vous aviez rendez-vous en 1976 et des poussières...
Pour sa première dans le rôle jusqu'ici tenu par Pascale Clark de l'intervieweuse gratte-poil de 7 heures 50, Clara Dupont-Monod a convié la porte-parole de l'association "Osez le féminisme", Anne-Cécile Mailfert.
Le sujet, c'était la campagne menée par un collectif féministe en faveur de la panthéonisation d'au moins cinq figures féminines majeures de l'histoire : Olympe de Gouges, Louise Michel, Simone de Beauvoir, Germaine Tillion et Guadeloupe Solitude.
C'était aussi une occasion toute trouvée de faire un point salutaire sur le féminisme en 2013. Pour cela, Clara Dupont-Monod avait préparé une série de questions ultra pertinentes... Qui fleuraient bon le temps de papy où l'on considérait a priori toute femme s'affirmant féministe comme une convertie au saphisme poilu des aisselles par profond dégoût des hommes doublé d'aigreur hystérique.
Allez, on la refait (en saluant la patience et le remarquable sens pédagogique d'Anne-Cécile Mailfert) :
La parité, cet objectif 100% d'incompétentes
Clara Dupont-Monod : "Attention, il y en a qui disent que la parité, c'est le biologique qui prime sur la compétence...
Anne-Cécile Mailfert : euh... euh non! (silence légèrement interloqué) La parité, c'est de dire que femmes et hommes, nous avons des compétences égales et qu'il est donc normal que nous ayons une reconnaissance égale.
Clara Dupont-Monod : Cela dit, si on doit choisir entre un homme compétent et une femme incompétente, la parité fait qu'on va choisir la femme incompétente...
Anne-Cécile Mailfert : C'est marrant parce que la question de l'incompétence, elle se pose toujours quand on parle de nommer des femmes à des postes à resp...
Clara Dupont-Monod : Ca c'est vrai... Hi hi hi!"
Sinon, Anne-Cécile aurait pu répondre à Clara : "Oui, bien sûr, la parité, c'est vraiment fait pour priver de responsabilités les hommes, lesquels sont tous compétents parce que la compétence, ça vient du zizi et un peu aussi de la confiance séculaire qu'on accorde plus facilement à ceux qui en possèdent un plutôt qu'à celles qui en sont douloureusement privé. Les femmes, parce qu'elles n'ont pas de zizi, ne peuvent donc pas accéder naturellement aux responsabilités, c'est une réalité, on l'a bien observé au cours de l'histoire. Il faut donc les aider, c'est pour ça que la parité a été inventée. Nous serons vraiment satisfaites le jour où tous les hommes compétents seront remplacés par des femmes nulles. C'est notre objectif final, ainsi que d'égorger des chatons, au passage, par pure cruauté malsaine."
"Contre les hommes" ou "Tout contre les hommes", choisis ton camp, camarade!
Clara Dupont-Monod : "Alors, Osez le féminisme, c'est un féminisme qui est contre les hommes ou tout contre les hommes?
Anne-Cécile Mailfert : Le féminisme n'est jamais contre les hommes. Il est contre la domination masculine."
Sinon, Anne-Cécile aurait pu répondre à Clara : "Je vais vous avouer un secret. Au fond, nous les féministes, on est fondamentalement de grandes frustrées. Avant de devenir féministes, nous étions des femmes comme les autres, qui n'avaient qu'un rêve, être tout contre les hommes comme vous dites, protégées par leur épaule rassurante et traitées en princesse par eux. Mais voilà, comme nous sommes moches, poilues et plutôt acariâtres, aucun homme n'a voulu de nous tout contre lui. Alors, ça nous a vraiment rendu méchantes et nous avons décidé de nous battre contre les hommes que nous détestons avec force (ainsi que les chatons trognons)."
Emasculatrice or not?
Clara Dupont-Monod : "C'est un féminisme qui ne compte pas émasculer les hommes. C'est une bonne nouvelle, je vois tout le monde qui se détend dans le studio. Vous partez donc du principe que l'homme est un allié et non pas un adversaire?
Anne-Cécile Mailfert : Alors les hommes (l'homme, je ne sais pas qui c'est)... Nous avons tous été construits socialement, donc c’est pas non plus tout à fait de la faute des hommes. Nous, on leur donne leur chance pour déconstruire ces dominations... Faire de la place aux femmes, s'interroger sur leur propre comportement et puis se dire, oui, finalement, l'égalité, c'est un but humaniste qui est très beau, qui est grand..."
Sinon, Anne-Cécile aurait pu répondre à Clara : "Vous avez tort de vous détendre dans le studio. J'ai l'air cool comme ça, mais j'ai un sécateur planqué dans mon sac à main et dès la fin de l'émission, gare à tout ce qui dépasse. S'il y a des chatons dans le studio, je les castre gratis au passage."
Le "nouveau féminisme" doit tout aux hommes
Clara Dupont-Monod : "Vous ne pensez pas que les nouveaux féministes aujourd'hui, c'est souvent les hommes?
Anne-Cécile Mailfert : Je ne dirais pas ça. Je pense qu'aujourd'hui, on a besoin de féminisme, c'est sûr. On a besoin que tout le monde porte le féminisme. On a besoin que les femmes portent le féminisme, on a besoin que les hommes le portent. Les femmes ont tout autant de mérite que les hommes à être féministes. C'est même presque plus dur pour une femme. Parce qu'un homme qui va se dire pour l'égalité, qui va se dire féministe, tout de suite on va avoir les yeux qui brillent, on va se dire whaow, un homme féministe! Une femme féministe, c'est pas mal non plus aussi."
Sinon, Anne-Cécile aurait pu répondre à Clara : "Vous avez raison, les hommes féministes, c'est la consécration du féminisme. Avant, le féminisme, ça n'existait pas vraiment, c'était un petit truc pas très important qui n'obtenait pas grand chose et ne réussissait rien, un truc de femmes, en somme. Heureusement, les hommes sont devenus féministes et grâce à eux, le féminisme est enfin devenu quelque chose d'un peu sérieux. Merci, merci, merci du fond du coeur, messieurs..."
De l'humour, il en faut, pour répondre aux questions de Clara Dupont-Monod
Clara Dupont-Monod : "Enfin, dernière question : est-ce qu'on peut être féministe et avoir de l'humour?
Anne-Cécile Mailfert : Ben évidemment.
Clara Dupont-Monod : Voilà, c'était l'info du jour, il faut appeler l'AFP. Ca mérite au moins une dépêche."
A cela, Anne-Cécile aurait pu ajouter : "Oui, appelons l'AFP pour faire aussi rédiger une dépêche sur les préjugés antiféministes d'un autre âge de la nouvelle intervieweuse politique de France Inter."