Avec tant d'invitations à prendre un passeport étranger, Depardieu ne sait plus où donner du verre : bière, vodka ou rouge bien d'chez nous... Et tandis que l'affaire Obélix chez les Wallons-Novruskis réveille la colère des producteurs au sujet des cachets exorbitants des vedettes, Le Nouvel Obs dévoile le palmarès des acteurs francophones les mieux rémunérés en 2011. A sa décharge, Cyrano de Pardieugeac n'en fait pas partie. Mais l'autre information, c'est qu'il faut apparemment avoir du poil au menton pour faire partie des grands gagnants du grand écran.
Allez, sans plus attendre, le tirage du loto...euh, pardon, le Top 10 des acteurs qui ont eu les relations les plus cordiales avec leur banquier l'an passé :
Numéro 1 : Dany Boon, Rien à déclarer sinon quelques 7,5 millions d'euros,
Numéro 2 : François Cluzet, 3,14 millions d'euros dans un fauteuil,
Numéro 3 : Vincent Cassel, la good method pour empocher 2,51 millions d'euros,
Numéro 4 : Benoît Pooelvorde, son pire cauchemar vaut 2,375 millions d'euros,
Numéro 5 : Omar Sy, si, si, il a palpé 2,29 millions d'euros,
Numéro 6 : Monsieur Kad, 1,82 million d'euros,
Numéro 7 : Daniel Auteuil, 1,323 million d'euros,
Numéro 8 : Le marquis Dubosc, 1,2 million d'euros,
Numéro 9 : Bienvenue à la seule femme du Top 10, Valérie Lemercier qui a engrangé 1,08 million d'euros,
Numéro 10 : Lindon et ses envies de 1,02 million d'euros.
J'en entends déjà râler : quoooooi! Mais c'est un scandale! En plus, si ça se trouve, ils sont intermittents! Et puis le CNC est une institution dévoyée... En plus, le film, je l'ai trouvé nul et ce jour-là au multiplex, la clim était en panne, le coca était tiède et les pop-corns flétris! Remboooouuursez!!!
Honnêtement, qu'un comédien gagne des sommes astronomiques ne me choque pas plus que quand c'est un footballeur ou un patron. C'est la loi, certes vertigineusement indécente quand elle atteint de tels taux, du marché. Ce qui me pose plus de problème, c'est que même à ce niveau, le comédien, le sportif ou le patron gagne toujours plus que la comédienne, la sportive ou la patronne.
En mai dernier, un collectif de femmes du 7ème art poussait un salvateur coup de gueule dans une tribune bien sentie qui gâta le goût du champagne du délégué général du festival de Cannes. Dans un texte intitulé Les hommes montrent leurs films, les femmes montrent leurs bobines, elles faisaient remarquer qu'au cinéma, les femmes sont surtout là pour apporter l'indispensable touche de glamour sans qu'on leur demande de l'ouvrir et encore moins de créer, produire, réaliser. Je m'étais, je l'avoue, régalée de ce saut à pieds joints dans la gamelle cannoise des femmes réalisatrices et plus encore des réactions courroucées de Frémaux qui ne voyait vraiment pas où voulaient en venir ces rabats-joies de féministes inaptes à jouir de la fête et à sourire pour la photo comme tout le monde!
Néanmoins, je pensais naïvement qu'en cocotte des années 2010, si nos femmes actrices étaient là pour faire coucouroucoucoule sur l'affiche, elles étaient au moins grassement payées pour ça. J'avais en tête l'Oscar de la Cotillard, les moues de la Tautou ou le sourire immense de Cécile de France... En fait, oui, mais non. Les femmes du cinéma se font du blé en montrant leur frimousse et quand il le faut leurs fesses, mais quand les gars en font autant, ça vaut plus d'argent. C'est l'autre leçon de ce palmarès des acteurs les mieux payés de 2011.
Nos actrices feraient-elles comme toutes les femmes de tous les milieux partout dans le monde : demander moins d'argent pour un boulot équivalent? Car en effet, nous sommes bien les premières responsables de l'inégalité de revenus entre hommes et femmes : empêtrée dans nos complexes d'imposture, inquiètes à l'idée de plomber les budgets et de voler le pain de la bouche des autres, soucieuses de passer pour modestes, plus attirées par l'intérêt de la tâche ou la valeur du projet que par nos bénéfs personnels, nous voilà donc, même parmi ceux qui se servent à la louche, toujours à considérer que nous méritons une cuillère de moins que les hommes...
Allez les filles, qu'on joue au théâtre subventionné de sa municipalité ou qu'on vise les tapis rouges et les soirées hollywoodiennes, qu'on bosse dans le "milieu culturel" ou dans la grande distrib', qu'on fasse de l'exé ou de la stratégie, qu'on soit employée ou patronne, on arrête un peu de jouer les timides en matière de pépettes : on demande autant (voire pourquoi pas plus, pour une fois) que les mecs et tant pis pour ceux à qui ça déplaît. Pas de bras, pas de chocolat : que ceux qui ne veulent pas payer une actrice phare aussi cher qu'un acteur du même tonneau fassent leurs films sans Deneuve, sans Kiberlain, sans Cotillard, sans Huppert et sans Viard. Oui, c'est sûr, sans elles, le film sera un peu moins "glamour". Moins intéressant aussi, sans doute un peu bancal, pas très réaliste, court du scénario et sûrement lassant à la longue, voire presqu'aussi chiant qu'un comité d'administration avec rien que des mecs en costards autour de la table...