Ah si j'étais Samantha Davies...

Paris Match a fait fort en interviewant la navigatrice Samantha Davies au départ du Vendée Globe.

Sous prétexte d'éloge de la femme qui prend la mer, c'est la mère qui prend l'eau sous le flot de questions orientées : "Vous reprenez part à la course la plus dangereuse du monde. Etre mère ne vous a pas calmée?", "Votre fils n'a pas trop pleuré en vous voyant quitter le quai?", "Votre compagnon ne grimace pas de vous voir quitter le foyer?".

Allez, juste pour rire, on s'essaie à une parodie des réponses qu'on aurait bien aimé faire au journaliste si on avait été Samantha Davies.

 

Comment s'est passé le départ?

Bien, les vents sont porteurs, la mer est bonne, je suis bien préparée, je me sens en confiance.

 

Et votre fils, il n'a pas trop pleuré en vous voyant quitter le quai ?

Oh vous savez, à cet âge-là, ça pleure pour un rien.

 

Vous reprenez part à la course la plus dangereuse du monde. Etre mère ne vous a pas calmée?

Vous croyez que ça calme vous, de devenir mère? Vous vous êtes déjà levé la nuit pendant 6 mois de suite, vous avez déjà changé 5 couches par jour, mouché un nez morveux toutes les 15 minutes d'octobre à mai, glissé sur un lego à chaque fois que vous êtes rentré chez vous sans allumer la lumière? Non, sérieusement, moi, ce qui va me calmer, c'est justement de passer quelques semaines en mer.

 

Et votre compagnon, il ne grimace pas de vous voir quitter le foyer?

Au risque de vous surprendre, il maîtrise le bouton on-off de la machine à laver, il connait la route pour aller au supermarché et il sait même faire chauffer un biberon. Sans vouloir parler à sa place et tirer la couverture à moi, j'ai même la faiblesse de penser qu'il est plutôt fier de me voir me dépasser.

 

On a un sentiment de surprotection quand on vient de donner la vie. Vous ne culpabilisez pas de laisser votre bébé durant trois mois?

Ah ben puisque vous insistez, si, je vais sans doute finir par culpabiliser.

 

Quand même trois mois sans sa mère, c'est beaucoup...

Trois mois sans son enfant, aussi. Mais je crois que pour mon enfant, ce serait encore plus dur si j'étais enfermée entre quatre murs. Je ne suis pas très agréable quand on m'empêche de faire ce que j'aime. Ca vous fait pas ça, à vous?

 

Pour un sponsor, n’est-ce pas un handicap de soutenir une jeune maman?

Si, si, d'ailleurs, en général, les sponsors ne se gênent pas pour lâcher les sportives qui deviennent mère. Je vous remercie d'en soumettre l'idée au mien...

 

Avez-vous trouvé le temps de vous entraîner après la naissance de votre enfant?

C'est à dire que comme la plupart des femmes, j'ai passé trois jours à la maternité, j'ai fait 10 séances de rééducation du périnée et puis après quelques semaines, je me suis remise au boulot. Vous savez, c'est assez courant et ça se fait depuis assez longtemps de faire garder son enfant quand on va travailler.

 

En réalité, Samantha est bien plus sympa que moi. Elle a répondu sereinement et patiemment à toutes ces questions à la coque de noix. Sans même lancer une seule pique au sujet de tous les "jeunes papas" qui ont pris le départ le même jour qu'elle. Arnaud Boissières, Louis Burton, Jérémie Beyou, Bertrand de Broc, François Gabart, Armel Le Cléac'h, tous ses concurrents ou presque ont des enfants. Mais on ne saura pas si ceux-là ont pleuré sur le quai, si trois mois loin d'eux, ce n'est pas un peu trop long ni si devenir père les a ou pas "calmés".