D'abord, il y a eu l'horreur et et le chaos. Et puis, un semblant de lumière. Depuis deux jours, les manifestations de soutien à Charlie Hebdo pleuvent, comme une source qui semble intarissable. Un florilège de gestes et de paroles, pleines d'émotions et de dignité, venu d'anonymes, de célébrités qui connaissaient les victimes, d'autres qui ne les connaissaient. De France, de l'étranger. Un fantasme d'union nationale et même au-delà - qui commence déjà à se craqueler - mais qui ragaillardit. Un rêve après le cauchemar. Parmi tous les témoignages, il y a ceux de Daniel Cohn-Bendit et de Philippe Geluck, comparant les deux terroristes à des fascistes. Stricto sensu, le terme semble d'abord impropre. Mais c'est finalement celui qui décrit le mieux ces islamistes fous (désolé du pléonasme). Froids, sectaires, totalitaires, violents, ennemis de le démocratie et de la liberté. Ils n'ont plus rien d'humains et se conduisent comme des loups.
Ces loups chantés par Serge Reggiani dans cette allégorie du nazisme Les Loups sont entrés dans Paris. Ils ne viennent plus de Croatie, de Germanie mais de Syrie, du Yemen ou d'Irak. Oui mercredi, deux loups assoiffés de sang sont entrés dans Paris et ils ont commis un massacre.
L'ennemi est intérieur, y compris à l'intérieur de nous, dans nos amalgames faciles, nos paresses intellectuelles et nos soifs de vengeance. Sans oublier, qu'autour de nous, les loups peuvent aussi redevenir les fascistes, au sens propre, de la chanson de Reggiani : des loups charognards, sensés être dans le camp d'en face pour protéger "notre" civilisation et qui propagent la même haine de la République.
Une dernière chose. La chanson de Reggiani est aussi une chanson de résistance. Face à ces loups de tout poil, ultra violents et armés jusqu'au dent, on aurait tendance à se dire que nous ne sommes tous que des agneaux inoffensifs et démunis. Pour un peu, nous reviendrait en mémoire un souvenir d'enfance, époque où l'on découvrait l'injustice et la mort aveugle par l'apprentissage de la fable "le loup et l'agneau". Mais n'en déplaise à Jean de La Fontaine (qui, à sa manière, faisait déjà des caricatures des puissants), il y a peut-être, non pas un seul mais plusieurs dizaines, voire centaines, de loups mais en face il y a des millions et des millions d'agneaux. Et cette fois-ci - avec les armes fournies dans notre arsenal républicain - les méchants carnivores risquent de se voir botter l'arrière-train.
Je suis Charlie,
Tu es Charlie.
Il est Charlie
Elle est Charlie.
Nous sommes Charlie.
Vous êtes Charlie.
Tous Charlie.