Aujourd'hui, Béji Caïd Essebsi a officiellement été désigné vainqueur de l'élection présidentielle tunisienne avec 55,68% des voix. Ce n'est pas vraiment une surprise, le parti d'Essebsi avait déjà remporté les législatives en octobre, c'est même un évènement historique - première élection présidentielle démocratique. Mais cela laisse quand même un petit goût amer après l'espoir suscité par la Révolution de jasmin de décembre 2010 à février 2011. Le renouveau de la Tunisie incarné par un vieillard de 88 ans qui a été ministre des affaires étrangères de Bourguiba et premier ministre de Ben Ali, ce n'est pas vraiment folichon. On peut certes se consoler en se disant que le pire a été évité (les islamistes d'Ennahdane restent quand même la deuxième force politique du pays). On peut même espérer avoir une bonne surprise, rêvant que, dans un pays qui a goûté à nouveau au plaisir du suffrage universel, Essebsi s'amende de son passé et devienne le Juan Carlos tunisien.
Tout ça, c'est encore de la politique fiction et en l'état, on se dit que le sens de "révolution" a en soi évolué, passant du politique à l'astronomique (avec cette idée de tour sur lui-même et de retour à la case départ). Ce qui est, en prenant la chose avec un certain humour, finalement normal : l'astronomie a connu pris son essor dans le monde musulman. Et on en viendrait presque à repenser à la chanson de Tracy Chapman où l'on parlait certes d'une révolution mais où ce n'était encore qu'un murmure (a whisper). On est, pour l'instant, loin des grand cris de joie de cette fameuse Révolution de jasmin.