Petit-fils d'esclave, Bebo Valdés naît en 1918 à Cuba. Pionnier du jazz afro-cubain, pianiste de renom, directeur de cabaret, il était une figure connue et reconnue dans son île et même ailleurs. C'était alors les années 40 puis 50 ; celle de la dictature du général Batista, d'un régime de fer avec d'un côté, une pauvreté galopante et de l'autre, des casinos et des bars à putes réservés à de riches touristes américains et dirigés par les gangs. Fidel Castro est arrivé, chassant Batista et comme beaucoup d'autres, Bebo Valdés a fui son pays.
Hier, Barack Obama a renoué le dialogue avec Cuba, celui qui conduira à une normalisation des relations entre les deux pays. Cela a quand même dû lui faire bizarre de composer le numéro (il doit sans doute avoir plusieurs assistants pour le faire) et de parler avec son homologue Raul Castro, le frère de Fidel. L'idée de vivre un moment historique et de rompre avec 50 ans de politique étrangère américaine. La fin de l'embargo passera obligatoirement par un vote du Congrès (autant dire que cela n'est pas encore d'actualité). Mais très vite, les Etats-Unis ré-ouvriront une ambassade à La Havane.
Qu'en aurait pensé Bebo Valdés ? Aurait-il apprécié le "Somos todos americanos" (nous sommes tous des américains) lancé par un Barack Obama réconciliateur ? Aurait-il été hostile à la fin de cette guerre froide ? Aurait-il accepté d'aller se produire en concert à la Havane, lui qui a continué à jouer du piano à un âge très avancé, clamant son amour pour son île natale et la culture afro-cubaine (notamment sur le classique Cuba Linda) ? Nous ne le saurons jamais : Bébo Valdés est mort à 94 ans en mars 2013 à Stockholm, très loin de Cuba.
[cubalocal.es] Bebo Valdés y El Cigala - Cuba Linda from cubalocal on Vimeo.