On a vu les images à la télévision : Ottawa, victime de l'acte isolé d'un tireur jihadiste. Des coups de feux, des flics armes au poing courant en tout sens. Des moments de panique dans un pays qui découvre avec stupeur la violence terroriste. Une peur d'aujourd'hui qui entre en résonance avec des actes similaires perpétrés sur le sol national (les tueries de Toulouse) ou en Belgique (celle du musée juif de Bruxelles). Mohammed Mérah, Mehdi Nemmouche ou Michael Zehaf-Bibeau : des terroristes à eux tout seul, ayant obligé le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a inventé la nouvelle incrimination d'"entreprise terroriste individuelle" (C'est vrai que pour une "Association de Malfaiteurs", c'est bête, mais il faut être deux). La France avait connu des épisodes terroristes sur son territoire ; les plus récents commis déjà par des islamistes radicaux du Groupe Islamique Armé en 1995 et 1996. Mais avec ces tueurs isolés, ces "Loups solitaires", comme on commence à les appeler (ce qui n'est pas vraiment charitable pour les loups), on franchit d'un cran le niveau de menace terroriste. Ils peuvent frapper à n'importe quel moment, n'importe où, y compris dans la très paisible Ottawa. Pour un peu, on en oublierait Ebola (pourtant dans toutes les psychoses et dans tous les JT) !
Dans sa chanson le Centre Commercial, Bertrand Louis pointe du doigt justement cette menace moderne avec l'histoire, à la première personne, d'un passage à l'acte criminel, au milieu d'une foule. Un instantané d'un coup de folie mais rappelant un fait essentiel : tous ses tueurs sont des paumés, victimes d'un ascenseur social en panne, et devenant ainsi des proies faciles pour les "endoctrineurs" radicaux de toute barbe. Il ne s'agit pas là d'excuser mais de comprendre, pour justement mieux combattre à la source ce fléau. Car il faut se rendre à l'évidence, aucune police, aucune mesure judiciaire d'exception, aucun service de renseignement ne pourra nous protéger totalement de ces "loups solitaires".
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