Ce n'était pas vraiment une surprise, il n'empêche que le sujet qui tourne en boucle dans les médias depuis vendredi, c'est bien le retour officiel de Nicolas Sarkozy dans l'arène politique. Une partie de la droite française a toujours voulu croire en l'homme providentiel, et l'ancien président de la République, par le propre sacrifice de son confort personnel au profit de la France (à dire avec des trémolos dans la voix), incarne parfaitement cet idéal.
Le Mal-aimé
Au risque de décevoir les "Amis de Nicolas Sarkozy", association des ultras de l'ex-président, je dois dire que je ne crois une seconde en ce storytelling d'inspiration gaullienne, servant à regonfler à bloc les fans de l'homme politique. Je n'y crois pas - et je ne suis pas le seul dans ce cas - mais l'important n'est pas là : beaucoup de militants UMP, eux, y croit dur comme fer. Car si Nicolas Sarkozy est détesté par beaucoup, il est aimé par beaucoup d'autres. Aimé, adoré, adulé...comme les sentiments éprouvés par une groupie de Cloclo aimant le chanteur à paillettes. On pourrait d'ailleurs faire un rapprochement entre les deux hommes - ultra actif, volontaire, mais aussi mégalo et revanchard - et l'on ne serait pas étonné que Nicolas entame un jour en direct à la télévision un "mal aimé, je suis le mal-aimé", émouvant à pleurer, suivi d'un "Lundi au soleil", à l'enthousiasme communicatif et rehaussé d'une chorégraphie aussi sexy qu'endiablée. Malheureusement pour tous, Guy Lux n'est plus de ce monde.
Comme on aime un chanteur populaire
Oui, Nicolas Sarkozy est aimé, comme aucun autre homme politique ne l'est, comme on aime un chanteur populaire, une vedette de cinéma. Au-delà de la raison, du fond, des idées, du projet politique. Au-delà des échecs, d'une ligne politique que l'on peut juger chaotique. Au-delà d'une liste d'affaires longues comme le bras mais qui ne sont là que des attaques iniques d'un complot politico-mediatico-judiciaire ourdi pour discréditer un honnête homme. On l'aime totalement, pour lui, pour son charme, son sourire, son franc-parler, sa proximité. On l'appelle tendrement Nicolas, comme un candidat de "Secret Story". On l'aime encore plus quand il fait son footing, le sourire au visage même dans l'effort, donnant la vision, au sens propre, d'un politique en action.
Les yeux de Chimène
Et d'ailleurs, cet amour aveugle n'est pas réservé qu'à ses seuls militants mais aussi à ses plus proches collaborateurs. Des responsables politiques, parfois durs dans leur propos et leurs actions, mais regardant Nicolas Sarkozy avec les yeux de Chimène. Brice Hortefeux, vrai fan depuis 40 ans (dans ses "Cahiers secrets de la Ve république", Michèle Cotta en parle déjà et c'est en 1997) ; Nadine Morano, pourtant récemment éconduite mais dont le coeur d'artichaud l'a fait replonger ; Christian Estrosi, ancien champion sportif transformé en champion du monde politique pour encenser son mentor... Toute la Sarkozie s'est levée comme un seul homme, la main sur le coeur, la larme à l'oeil.
Le chant du retour
A tous ses amoureux transis, je leur dédie donc cette chanson, Le chant du retour, qu'ils auraient pu écrire :
"je le croyais pendu haut et cour, je le croyais abandonné aux vautours. J'entends dans le vent comme un bruit sourd sonnant le grand retour de l'amour". Ils pourraient entonner ce titre de Fredda, tous en choeur dans un bouleversant "Sarkozy for France", au pouvoir émotionnel aussi puissant qu'USA for Africa. Un joli tableau pour un grand retour.