Elle existe déjà dans de nombreux pays, la voici qui arrive en France dans quelques semaines : en juin aura lieu la "Fête des Profs" et à cette occasion chacun est encouragé à exprimer sa reconnaissance envers ses professeurs.
« Soutenir les enseignants dans leur mission »
En partenariat avec le magazine L’Etudiant, l’association SynLab tente d’importer en France une fête déjà présente dans près d’une centaine de pays. « Les systèmes éducatifs du monde entier traversent une période de remise en question, la motivation des enseignants représente un des piliers indispensables sur lesquels bâtir les modèles éducatifs adaptés au 21e siècle ». Dans ce contexte, insistent les organisateurs, « il convient plus que jamais de soutenir les enseignants dans leur mission. Leur engagement est crucial pour préserver les bases éducatives solides dont notre pays a la chance de disposer. Cette initiative citoyenne veut donner l’occasion à tous ceux qui le souhaitent de reconnaître le travail de chacun de ces profs qui nous accompagnent au quotidien, qui marquent positivement et durablement nos vies et qui aident nos enfants à devenir pleinement eux-mêmes ».
Voilà qui devrait mettre un peu de baume au cœur d’une profession qui ne se sent pas toujours très bien dans ses baskets, souvent en manque de reconnaissance, parfois pointée du doigt.
Créer du lien
Comme c’est la première édition, on ne sait pas encore très bien quelle forme prendra cette Fête des Profs, mais l’idée générale est de susciter un mouvement qui parte d’en bas (« dans l’esprit du Do It Yourself ») et où parents, enfants, simples citoyens sont invités à imaginer « une occasion pour exprimer sa gratitude à un ou plusieurs profs, de façon individuelle (élève, parent, étudiant) ou collective (la classe, l’école) », et à partager les expériences via les réseaux sociaux. Un « mur des idées » a été ouvert sur le site de la fête afin de partager les initiatives : happening, repas, petites attentions personnalisées, grand jeu par équipe mêlant profs, parents, enfants, etc. Bref, rien d’institutionnel dans tout ceci, on comprend que ce qui compte dans cette Fête des Profs, c’est de créer du lien autour de l’école, entre les différents acteurs de la communauté éducative, et notamment entre les enseignants et les familles : « Rendons visible ce qui fonctionne pour construire l’avenir de notre éducation en partant sur de bonnes bases ! »
Une carte postale pour dire merci
Un autre moyen de participer à la Fête consiste à aller déposer une carte postale virtuelle sur le site de la Fête, dans laquelle on rend hommage à un ou plusieurs profs qui nous auront marqués. Des personnalités comme Claudie Haigneré ou Inès de la Fressange se sont prêtées au jeu, mais la plupart des témoignages proviennent d’anonymes, parfois des enfants. Voici quelques extraits :
« M. Droguet, ancien prof de maths de prépa, génialissime. M. Hamon, professeur de français, et M. Haas, professeur de philosophie.
On peut dire quelque chose comme : "ils ont su combiner la générosité à l'exigence intellectuelle pour non seulement tirer le meilleur de moi-même mais également me donner un cadre de réflexion qui me guide encore aujourd'hui ».
« Messieurs Wilfert et Barbaras, mes professeurs de philosophie de khâgne – et d’université, parce qu’ils nous donnaient à voir la philosophie vivante, en train de se faire sous nos yeux. Ils ne faisaient pas cours, plus d’institution, plus de notes, d’évaluation – évanouis alors qu’ils pensaient devant nous ».
« Je me souviens de M. Bolloré, si beau, si fin, si élégant (…). L'année dernière à mon grand étonnement, j'ai reçu une lettre de lui. Il me racontait qu'à un conseil de classe il avait lutté afin que je ne redouble pas ; mon Bac avait été sa vengeance »
« … Une toute jeune enseignante de 8ème, dont nous étions les premières élèves, une voix toute douce, qui m’a donné confiance dans mes capacités.
Madame LC, en seconde, toujours archi bronzée, comme si elle revenait des pays dont elle nous traçait l’histoire et la géographie : la Grèce de Périclès, le deuxième siècle romain de Trajan et des premiers chrétiens, la péninsule arabique de Mahomet… »
« A Monsieur Capedevielle,
Aussi à travers lui à tous les professeurs humbles et inspirants qui nous réellement, grandement aidé à nous fabriquer,
A mon père au passage, dont j'ai de bonnes des raisons de penser et veux croire qu'il est depuis 35 ans un prof hors pair,
Enfin, un peu, aux mauvais aussi. Aux bougons ou aux incompris, qui a posteriori nous confirment qu'il y a des médiocres même dans les plus nobles des professions, des incompétents dans l'usine à capacités, des asociaux au cœur de la cité, bref qu'en toute matière on peut et doit faire la part des choses ».
« En lisant ma rédaction à l'ensemble de la classe, en me nommant responsable de bibliothèque, en me félicitant pour mon humour irrévérencieux, en tolérant mon impertinence, lui qui était si exigeant et si dur, il m'a ouvert les yeux quant à la lecture, a libéré ma gestuelle et mon élocution grâce au théâtre, m'a conforté dans le maniement des mots, m'a inculqué une liberté d'expression tolérante et fraternelle sans pour autant la vider de son sens... Il nous a montré à mes camarades et moi la force de notre langue et de notre culture ! »
SynLab, les « Bâtisseurs du possible »
Derrière cette initiative il y a SynLab, « un laboratoire citoyen de recherche-action focalisé sur le développement des compétences émotionnelles, sociales et civiques dans les systèmes éducatifs du monde francophone », qui accompagne « les acteurs éducatifs (enseignants, chefs d’établissement) afin qu’ils disposent des outils et des formations dont ils ont besoin pour permettre le développement de ces compétences chez leurs élèves ». SynLab contribue notamment, au sein de l’ESPE de Créteil, à la formation d’une soixantaine d’enseignants-stagiaires autour d’un atelier d’analyse de pratiques professionnelles.
SynLab, fortement influencé par le design for change de l’Indienne Kiran Bir Sethi, est également l’initiateur de la plateforme « les bâtisseurs du possible », qui vise à permettre aux enfants et aux jeunes de 6 à 18 ans « de prendre des initiatives au service des autres et de la société et d’apprendre via des projets interdisciplinaires, coopératifs et créatifs. Ce faisant, les enfants, les jeunes, prennent conscience qu’ils sont acteurs du monde, citoyens actifs, et cela dès maintenant. Ils développent leur confiance en eux, leur capacité à travailler en équipe, leur créativité, leur expression orale et leur sens des responsabilités : des compétences clés pour leur réussite scolaire, leur épanouissement et leur capacité d’agir en citoyens ».
Liens :
Les bâtisseurs du possible (lire ci les projets de 2014)
En écho aux cartes postales, ces témoignages de profs qui disent leur bonheur d’enseigner : "Je suis prof et j'adore ça !".
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