Je n’imaginais pas, en racontant dans mon dernier post quelques mésaventures matérielles survenues dans mon école, à quel point je n'avais, finalement, pas tant à me plaindre que ça… Il suffit de parcourir les commentaires, sur le blog ou sur Facebook, pour s’apercevoir que ces contrariétés, ces empêchements de bosser dans des conditions simplement correctes, sont courantes dans l’école française… En voici quelques exemples.
Températures
Travailler en classe avec des températures excessives semble malheureusement assez répandu. La faute à une isolation défaillante, la faute aussi à des problèmes récurrents de chauffage. Un coup trop froid, un coup trop chaud. Sandrine : « Lundi matin 13 degrés dans ma classe ! Le temps que ça chauffe après les vacances. Bon pas grave ! Température correcte en fin de matinée ! ... Mardi 28 degrés ! Ils ont remis le chauffage au sol défectueux au lieu de laisser les radiateurs chauffer comme la veille ! Maux de tête, jambes enflées, et élèves endormis l'après-midi. Mais il paraît que l'on passe notre temps à se plaindre... ».
Si élèves et enseignants essaient malgré tout de travailler dans ces conditions, ce n’est parfois pas possible. Chrystel : « Cet hiver nous avons refusé les élèves dans 4 classes de notre école car jour après jour, en raison d'un dysfonctionnement du chauffage durant une semaine, la température baissait 17° puis 15° jusqu'aux 13° d'un vendredi matin ».
Lumière
Pour bien travailler, indispensable de bénéficier d’un éclairage de qualité. On pense immédiatement à une lumière insuffisante, au sous-éclairage, mais tout aussi gênant est le trop-plein de lumière. C’est le cas de Géraldine, qui constate que ses stores sont bloqués quand arrivent les beaux jours et le soleil plein cadre, ne peut utiliser son tableau numérique, rendu inutile, et voit ses élèves cuits. Sabine, elle, attend ses stores depuis 4 ans… « 4 ans plein sud au dernier étage, 3 immenses fenêtres prenant tout un mur. Même en hiver, des élèves qui se protègent du soleil avec des pochettes... ».
Quant à Gaëlle, lasse de travailler dans la pénombre avec ses néons qui dysfonctionnent, elle prend carrément le téléphone pour appeler la mairie : « Le service technique m'a répondu que la priorité du moment c'était les illuminations de Noël (donc pas l'école...) Tout était dit ! ».
WC
Il y a bien sûr les WC des élèves, fréquemment condamnés côté fille ou côté garçon pour inondation ou toilettes bouchées, obligeant les deux sexes à cohabiter dans un même endroit, en surpopulation.
Il y a aussi les toilettes des adultes, le plus souvent en nombre insuffisant. Betty : « Dans notre école, nous n'avons eu qu'un seul WC pour adultes pendant des années, pour une vingtaine d'adultes. On passait nos récrés à faire des va-et-vient jusqu'à ce qu'il soit dispo. Cette année, on nous en a installé 2 autres mais les portes étant mal ajustées, on ne peut pas y entrer ... ».
Et encore faut-il que les WC disponibles soient pleinement pratiquables… Claire : « Pas de lumière pendant deux semaines dans l'unique toilette (pour 12 forcément !)... C'était un drôle de retour à l'enfance avec la collègue obligée de faire le guet pour laisser la porte ouverte et voir où était le trou....!!!! ».
Travaux
Grand classique des mésaventures en milieu scolaire : les travaux. Céline a eu l’heureuse surprise de voir une mèche de perceuse traverser le mur et le tableau sur lequel elle écrivait… « Une classe aérée d’un coup ! », réagit-elle avec humour.
Elise est plus inquiète des dangers courus par ces élèves, la faute à des travaux commencés mais jamais finis : « par exemple les fenêtres qui ont des bâtis qui dépassent de 5cm vers l'intérieur et qui n'ont jamais été coffrées. Elles ont juste été scellées à la va-vite avec du plâtre et des équerres qui peuvent ouvrir le front de celui qui s'en approcherait un peu trop. Du provisoire qui dure depuis 6 ans... ».
Quant au faux-plafond de la classe d’Anne, il s’est effondré deux fois en deux ans, « une fois pendant les vacances et une fois juste le temps de poser les affaires et d'aller chercher mes élèves en bas dans la cour ... (Hurlements terrifiés des deux élèves qui ont ouvert la porte de la classe !). Depuis, les dalles se soulèvent juste par grand vent (fréquent chez nous)... ».
La palme revient à Hélène, incontestablement. « En revenant des vacances, j'avais perdu le mur du fond de ma classe ! Personne n'avait pris la peine de nous informer. Plus de mur, mais rien n'avait été couvert dans la classe. Les beaux affichages de CP (que tu te casses le *** à faire le dimanche, pendant que ton homme te tire la tronche), les affaires des enfants qui étaient restées dans la classe, les livres de la bibliothèque, l'ordinosaure de la classe avaient pris cher ! ». La voilà obligée d’aller faire la classe dans la bibliothèque pendant deux jours, sans tableau pour elle, sans table ni chaise pour les élèves…
Inondations
Et puis il y a l’eau… Les inondations dues à un radiateur qui pète, classe trempée du sol au plafond (Virginie), les toilettes d’à côté qui fuient, et surtout l’isolation défaillante, l’eau qui passe sous les fenêtres quand il pleut trop fort (Na Nou) ou tombe en plic-ploc du plafond dans une classe de petite section en partie condamnée, avec sceaux et bassines à changer régulièrement (Evelyne)…
Mahy, pour ne rien arranger, fait classe dans un préfabriqué – ah, ce fameux provisoire – de 30 ans d’âge… « J'arrive le matin, après une bonne nuit de pluie, il y a des flaques au sol et sur les bureaux des enfants ! Le plafond (plaques de polystyrène) est imbibé d'eau, les plaques se gondolent et manquent de tomber ! Je monte sur les tables avant l'arrivée des enfants pour les repousser dans leurs emplacements. Evidemment, au dessus, c'est complètement moisi et donc ça sent le moisi très fort dans tout le préfa. Les enfants sont prévenus "Si vous sentez des gouttes, dites le moi ! Pendant les récréations, dans la cour, les enfants détachent ou trouvent des bouts de fenêtres car les huisseries sont complètement pourries ». Mahy est devenue allergique, et élèves font figure de laboratoire de veille sanitaire : « Au moins il sert à quelque chose ce préfa, quand les virus (gastro, grippe...) pointent le bout de leur nez, les collègues sont très rapidement au courant, mon préfa fait serre de culture et ma classe est décimée la première ! ».
L’employeur, responsable des conditions de travail
Elisa a le grand mérite de nous rappeler que « l’employeur public est garant de la santé, du bien-être et de la sécurité au travail de ses agents » (détails ici). Il y a un représentant par académie, au Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), qu’il ne faut pas hésiter à contacter, l’EN ayant tendance à se défausser de ses responsabilités sur les communes.
En attendant, dans l'écrasante majorité des cas, élèves et enseignants font ce qu'ils peuvent pour travailler, apprendre, avancer, malgré tout.
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