Cette semaine j’ai été malade, et j’ai donc loupé deux jours de classe…
Vu la nuit que j’avais déjà passée la veille, je me disais bien que je couvais quelque chose.
Une deuxième nuit sans dormir ou presque, la faute à une gorge en carton et à une respiration de tuberculeux, et j’ai dû me rendre à l’évidence : il fallait que j’aille chez le médecin. Ne serait-ce que pour ne pas passer une troisième nuit comme ces deux là.
Me voilà donc à 7 heures du mat’, contraint de rendre les armes, battu, piteux. Je n'irai pas en classe aujourd'hui.
Je déteste être malade. D’abord parce que c’est nul, ensuite parce que tout un tas de sentiments négatifs me traversent concernant l’école.
df
En premier lieu, je ne peux m’empêcher de me dire : « Hou lala ! Déjà que ma programmation du 3ème trimestre est ultra serrée, alors là... ». La seule idée de devoir reporter et recaser dans un planning surchargé l’adverbe et les unités de masses me rend un peu plus malade encore. Tant pis, va falloir que je lève le pied sur les sciences, je vais simplifier la séquence sur les plantes.
Bien sûr, vous allez me dire : « Mais y a pas des remplaçants prévus dans ces cas-là ? ».
Et je vous répondrai : « Oh ma petite dame, ça fait bien longtemps qu’il n’y a plus de remplaçant vous savez ! ». Sauf que, coup de bol, j’ai le dernier remplaçant disponible de ma circonscription. Enfin, pour aujourd’hui. Demain (je suis arrêté deux jours) on ne sait pas, il faudra peut-être répartir mes élèves dans les classes des collègues.
Ça tombe bien, dans le cas où j’aurais eu un remplaçant, j’ai fait tôt ce matin un mail à une collègue avec une pièce jointe attachée (au mail, pas à la collègue) : le déroulant que j’avais prévu pour la journée, avec tout le programme et le détail de chaque séance (français, maths, sciences…). Dans la mesure du possible j’essaie toujours de faire ça, laisser le travail que j’avais prévu de faire, comme ça si j’ai un remplaçant il peut s’il le souhaite partir sur cette voie. Généralement, les remplaçants (je le sais, je l’ai été) apprécient d’arriver dans une classe avec quelques pistes de travail, le temps de s’adapter. J’essaie juste de leur éviter de commencer une nouvelle notion.
Et puis il y a l’épreuve suivante. Le coup de téléphone au directeur, pour lui annoncer que je ne viendrai pas. Je sais bien que ça le fait braire, même s’il me souhaite sincèrement de me rétablir vite. C’est normal, il a les conséquences de mon absence à gérer, lui. Ce qui me gêne le plus, moi, c’est que malgré mon état j’ai cette stupide angoisse qu’il ne me croie pas ! C’est idiot, comme pensée, non ? J’ai toujours peur durant ce genre de coup de fil qu’il se dise à part lui « ouais, déjà en weekend à la campagne… » ! Alors que bon, c’est ni son genre de penser ça ni le mien de le faire… Pourquoi ces scrupules alors au téléphone, je me demande…
A propos d’absence, je ne peux pas m’empêcher de me dire que je vais entrer dans les statistiques du ministère, et ça m’horripile de savoir que quelque part, on va servir de moi pour dire : « Vous voyez, l’absentéisme chez les profs… ». Grrrr.
Une fois toutes les démarches faites et le toubib vu, me voilà à la tête d’un précieux sésame de deux journées d’affilée pour moi tout seul ! Un luxe rare, me dis-je naïvement. Je vais pouvoir avancer certaines séquences de travail, faire un peu d’administratif, qui sait me mettre un bon petit Dvd et le mater sous une couverture chaude en tirant les rideaux…
Que nenni. Parce que figurez-vous, je suis vraiment malade. Même que le midi j’ai pas mangé, tous ceux qui me connaissent vous diront que c’est un signe qui ne trompe pas. Alors, pour les dossiers et l’administratif, vous pensez… Quant au dvd, au bout de 5 minutes il avait relancé mon mal de crâne qui commençait juste à passer sous l’effet d’un cachet de paracétamol gros comme un œuf.
J’en ai gobé un autre et je suis allé dormir. Enfin, j’ai essayé, entre deux coups de perceuse du voisin (sérieux, il pouvait pas le prendre un autre jour, son RTT ?...).
Comme je n’arrivais pas à dormir, j’ai commencé à penser à la manière de réorganiser les semaines à venir. Et décidément, cet adverbe va bien me casser les bonbons. Pour les unités de masses, je crois que je vais faire deux grosses séances au lieu de trois moyennes. Et pour les sciences, ben tant pis, on ne va planter que les haricots et on fera l’impasse sur le plateau de germination.
Pfff… Du coup je pense à mon retour à l’école, au sourire des élèves contents de retrouver leur maître (ils ont intérêt…). Et forcément, je pense à l’ultime épreuve, au dernier mauvais moment à passer à mon arrivée à l’école ; celui où je devrai répondre à chaque collègue qui me posera la même question :
« Alors, ça va mieux ?
- Ouais, aujourd’hui ça va, mais tu m’aurais vu hier !... ».
Parce que là aussi, j’ai toujours peur qu’on ne me croie pas, qu’on pense que je suis en fait allé faire un 18 trous en Normandie. C’est vrai quoi, l’homme qu’auront mes collègues en face d’eux sera un homme parfaitement rétabli, et rien ne prouvera au fond qu’il a bien été malade. (Mais pourquoi ces scrupules ???).
Ah, au fait, bonne nouvelle, je ne devrais plus être malade de l’année : j’ai tout chopé d’un coup, rhino, angine, trachéite, baisse de tension. Faites gaffe, c'est un truc qui court, il paraît.
df
Suivez l'instit'humeurs sur Facebook