L’omniprésente masse d’informations officielles issues de la sur-communication gouvernementale a deux effets directs : 1. Elle établit sans cesse les vérités (ses vérités) qui seront reprises en boucle au JT de TF1. 2. Elle coupe la parole aux autres infos, brouille leur visibilité et finit par les remiser.
Alors pour une fois qu’une information intéressante sort contredisant les axiomes de la politique ministérielle, on ne va pas se gêner pour la relayer.
C’était dans les Echos la semaine dernière, le jour de la grève déjà évoquée ici.
Dans son « Tableau de bord sur l'emploi public 2010 », publié cette semaine, le Centre d'analyse stratégique (CAS), rattaché au Premier ministre, note que parmi les pays de l'OCDE « la France présente le taux d'encadrement (nombre d'enseignants pour 100 élèves) le plus faible, tous niveaux et tous établissements confondus (publics et privés) avec seulement 6,1 enseignants pour 100 élèves ». Et ce taux est le plus faible… dans le primaire.
Allons bon, moi qui croyais qu’il y avait trop de profs ! C’est en tout cas ce qu’on entend à longueur de déclarations… Jeudi encore le cabinet du ministre Chatel affirmait « le nombre d’élèves par professeur a baissé entre 1991 et 2010 ». Qu’est-ce que ce devait être avant !
Voilà ce qui arrive quand on essaie de tordre les chiffres pour justifier tout et n’importe quoi : parfois une étude toute simple vient mettre à terre des semaines et des mois de communication gouvernementale… L’information se résume de plus en plus à une guerre de chiffres, et le vainqueur est souvent celui qui sait le mieux présenter les statistiques en sa faveur.
En tout cas maintenant qu’on sait qu’il n’y pas trop de profs, on va peut-être pouvoir se pencher sur les problèmes réels.
La même étude souligne aussi que le salaire des enseignants français est « faible en comparaison internationale ». Bien sûr ce n’est pas une nouveauté pour nous, on s’en aperçoit bien tous les mois sur la fiche de paie, on mesure bien chaque année la baisse de notre pouvoir d’achat, comme tant de français.
Mais il est bon de rappeler que le salaire d’un enseignant n’est pas très élevé. En ces temps de crise des vocations, accrue par les récentes mesures sur la formation des enseignants, le peu d’attractivité du métier est à interroger. Les facteurs majeurs en sont l’image déplorable, le manque de reconnaissance et la médiocrité des salaires eu égard au niveau d’études requis.
Or, les études internationales (PISA, quoiqu’on en pense par ailleurs) ont mis en évidence la corrélation entre qualité de la formation, niveau des enseignants, salaire et réussite éducative. Ainsi en Corée, les enseignants font partie des 5 % des meilleurs étudiants coréens. Et après 15 ans d’expérience, un enseignant coréen gagne deux fois plus que son homologue français…
Rappelons que la Corée arrive en deuxième position derrière Shangaï aux dernières évaluations internationales…