Champollion
par Léon Cogniet, 1831
Cette semaine nous sommes allés au Louvre. Thème de la visite : l’antiquité égyptienne. On a choisi ce thème avec la prof d’arts visuels, non seulement en raison de l’incroyable fonds égyptien du Louvre, mais aussi parce qu’en classe on est allé très vite sur ce sujet. Depuis 2008 et les derniers programmes, on passe directement de la préhistoire aux gaulois (bonjour la continuité) sans passer par la case antiquités égyptienne, grecque, ni même romaine (pourtant on devra parler de romanisation de la Gaule !).
Bref. J’ai quand même évoqué avec les élèves ces trois civilisations, notamment l’Egypte des pharaons, un sujet qui les passionne toujours. On s’est particulièrement arrêté sur les débuts de l’écriture, les hiéroglyphes, et du coup leur décodage par Champollion grâce à la pierre de Rosette. Je me suis dit que cette visite au Louvre serait l’occasion d’approfondir ce rapide survol grandeur nature.
De fait les élèves sont rapidement happés par de spectaculaires sphinx, d’étonnants objets quotidiens (instruments de musique, jouets, bijoux…) d’incroyables tombeaux, devant lesquels je leur annonce que nous allons bientôt voir la momie. Un frisson incrédule les parcourt. Ils croient que je plaisante, les momies ça n’existe pas, ça fait trop peur, c’est trop dangereux…
Il faut savoir que pour les toutes jeunes générations qui ont grandi avec d’autres films et d'autres livres que nous, une momie est à ranger dans le même tiroir horrifique qu’un loup-garou ou un zombie.
Certains sont déçus, d’autres se tiennent prudemment en retrait, dès fois qu’elle se lève d’un coup, une élève dit à sa copine de ne pas s’inquiéter, que de toute façon il ne reste que les bandes, il n’y a plus rien dessous. L’émoi passé nous faisons une petite pause devant des tablettes de calcaire gravées de hiéroglyphes parfaitement conservés. Je profite de l’occasion pour reparler de ce qu’on a vu en classe et leur demande le nom du français qui est parvenu à décrypter les hiéroglyphes. Trou de mémoire collectif.
« Allez, les enfants, souvenez-vous, on en a parlé ensemble, il s’agit de … Cham ?… Champo ?... »
Eclair de génie d’un élève qui hurle dans la grande salle :
« Champomy !!! »
Je ne sais pas si cette génération donnera d’illustres historiens, mais de sacrés fêtards pas de doute.