Les vacances du Président de la République passionnant apparemment les foules, un journaliste a été placé en garde à vue après avoir été interpellé à proximité de la résidence d’été de M. et Mme Macron dont il espérait manifestement tirer quelques clichés monnayables.
Les faits ne sont pas encore établis, le Parquet affirmant d’un côté que le photographe s’est introduit dans l’enceinte de la résidence présidentielle, propriété évidemment privée, tandis que le mis en cause le conteste.
Il n’en demeure pas moins que dans la foulée de son interpellation, le paparazzo a subi six heures de garde à vue pour des faits de tentative d’atteinte à la vie privée et de harcèlement, selon les informations livrées à la presse.
Si la première qualification n’est guère surprenante, il est permis d’être un chouia plus dubitatif en ce qui concerne la seconde.
En effet, le harcèlement est défini de la façon suivante par l’article 222-33-2-2 du code pénal : « Le fait de harceler une personne par des propos ou comportements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation de ses conditions de vie se traduisant par une altération de sa santé physique ou mentale est puni d'un an d'emprisonnement et de 15 000 € d'amende lorsque ces faits ont causé une incapacité totale de travail inférieure ou égale à huit jours ou n'ont entraîné aucune incapacité de travail ».
A la lecture des éléments parus dans la presse, l’agissement répété résiderait dans le fait pour le photographe d’avoir suivi à moto, et à plusieurs reprises, le véhicule transportant le Président de la République.
Si, avec beaucoup de souplesse mentale, on peut imaginer que de tels agissements puissent constituer le premier élément constitutif de l’infraction, le doute vient rapidement à l’esprit concernant la dégradation des conditions de vie de M. Macron qui auraient pu en résulter.
Rappelons qu’il s’agit du Président de la République, qui a pour habitude d’être suivi par des nuées de journalistes, caméramans et photographes (que ce soit à pied, en moto ou en voiture) et construit précisément sa stratégie de communication sur la présence de ces journalistes. Il est en outre protégé par un service d’ordre particulièrement sérieux et compétent, qui ne laissera jamais approcher le Président en-deçà d’une distance que ses membres estimeront raisonnable.
Dans ces conditions, j’ai beaucoup de mal à envisager que M. Macron ait vu ses conditions de vie se dégrader au point d’altérer sa santé physique ou mentale par la filature exercée par un photographe qui aurait suivi son véhicule à quelques reprises.
Si tel était le cas et que j’avais l’esprit taquin (ce qu’à Dieu ne plaise, bien entendu), je m’avouerais particulièrement inquiète des conditions dans lesquelles le Président parviendrait à exercer ses fonctions, qu’on peut sans exagérer considérer comme anxiogènes et susceptibles de provoquer des pics de stress fréquents chez l’intéressé, et de l’état de santé physique et/ou mentale qui serait le sien à l’issue de son mandat.
Attendons-nous donc à voir retenir à l’encontre du paparazzo la seule tentative d’atteinte à la vie privée du Président. Ou à assister à une démonstration de souplesse mentale parquetière, tant il ne faut après tout jurer de rien.