Peut-être vos vacances (ou, au contraire, la reprise de vos activités habituelles) vous ont-elles amené à jeter un œil distrait, voilà quelques jours, au reportage diffusé par France 2 au sujet de l’un des plus grands penseurs de notre temps, Monsieur Bernard-Henri Lévy. Au détour de ce reportage, son épouse interviewée précisait : « Quand je vois son regard extraordinairement fixe (…) avec un horizon très lointain et dur, je me dis là, il y a de la chimie qui est passée par là ». A la question qui lui est posée de savoir si l’intellectuel se drogue, Mme Dombasle répondait qu’il « a recours à des armes, ce qui est important pour lui c’est son œuvre, ce sont ses combats et par conséquent tout est permis pour arriver à ses fins. C’est un grand stratège ».
L’écrivain lui-même indiquait à propos des psychotropes, dans le cadre d’un entretien accordé au Figaro, qu’il « y a une vraie tradition (…) des écrivains consommateurs de substances. Artaud et le peyotl, Henri Michaux, Baudelaire et Théophile Gautier. À quoi sert un corps, pour un écrivain, sinon à produire le maximum de texte possible? Et de la meilleure qualité? » Et M. Levy de conclure : « Les amphétamines, parfois, m'y ont aidé ».
Laissons M. Levy se comparer à qui il juge bon, y compris certains des plus grands écrivains français, pour observer qu’il revendique ainsi ouvertement la consommation de produits considérés comme stupéfiants selon l’arrêté du 22 février 1990, hormis lorsqu’ils entrent dans la composition de certaines préparations destinées à traiter des pathologies spécifiques sur prescription médicale (narcolepsie, troubles de l’attention, obésité).
Un Procureur de la République sourcilleux pourrait décider que de telles déclarations justifient d’initier une enquête pénale aux fins de déterminer dans quelle mesure et selon quels moyens M. Levy se livre à cette consommation de substances stupéfiantes publiquement avouée. Rappelons que la « simple » consommation de telles substances caractérise l’infraction d’usage de stupéfiants, prévue par l’article L. 3421-1 du code de la santé publique, réprimée d’une peine maximale d’un an d’emprisonnement et une amende de 3750 €. L’acquisition, la détention et le transport des mêmes substances, si elles sont retenues à l’égard d’un mis en cause, lui font encourir selon l’article 222-37 du code pénal une peine de 10 années d’emprisonnement et de 7 500 000 € d’amende.
Ainsi informés, nous, qui ne sommes pas Procureurs, pouvons nous contenter de
- Prendre connaissance des déclarations de M. Levy et de Mme Dombasle ;
- Regarder « Le Jour et la Nuit », film réalisé en 1997 par M. Levy lui-même, son épouse y interprétant le rôle féminin principal ;
- Tenter de percevoir la stratégie sus-évoquée ;
- En venir à la conclusion que décidément, la drogue, ça ne vaut vraiment pas le coup.