On ne demanderait qu'à rire avec Kev Adams

C’est une ambiance de franche rigolade qui régnait, jeudi 23 mars, sur le plateau de C à vous (France 5), grâce notamment à la présence de M. Kev Adams et de l’équipe de son film « Gangsterdam ». L’un des comparses de l’humoriste, M. Côme Levin, avait apporté un gâteau supposé avoir été préparé par sa grand-mère, l'ensemble des participants à l'émission étant lourdement incités à en consommer immédiatement afin de rendre hommage à l'aïeule. Très rapidement, sur fond d’éclats de rire des convives et de remarques évoquant le « goût fumé » du brownie, M. Adams a sous-entendu que le gâteau présentait un côté illicite, précisant qu’il contenait des « petites épices qui font rire ».

Fort logiquement, les téléspectateurs et commentateurs ont immédiatement subodoré la présence de cannabis dans l’hilarant gâteau, jusqu’à ce que France 5 émette un démenti assurant qu’il ne s’était agi que d’une mise en scène destinée à promouvoir le film. Ce qui au demeurant vaut mieux pour M. Adams et ses compagnons : en effet, si des consommateurs ignorants (comme par exemple Mme Lapix, en l’occurrence) n’auraient en aucun cas pu être mis en cause, les farceurs qui leur auraient sciemment fait ingérer une préparation contenant un produit stupéfiant se seraient exposés à de très lourdes peines.

L’article 222-37 du code pénal précise en effet que « le transport, la détention, l'offre, la cession, l'acquisition ou l'emploi illicites de stupéfiants sont punis de dix ans d'emprisonnement et de 7 500 000 euros d'amende. »

La fabrication d’un « space cake » impliquant nécessairement d’acquérir et de détenir du cannabis, ce texte aurait parfaitement pu être applicable aux agissements de M. Adams, s’ils avaient été avérés. Ce qui eût fait cher de la blague potache, mais dura lex, comme d’habitude.

Toutefois, devant le retentissement (pas nécessairement positif) rencontré par la séquence sur les réseaux sociaux, la chaîne de télévision s’est empressée d’annoncer qu’à aucun moment, des substances illicites n’avaient été utilisées ni, a fortiori, servies à des journalistes innocents.

Est-ce à dire qu’aucune sanction n’est encourue ? Pas si sûr.

Rappelons que l’article L. 3421-4 du code de la santé publique indique que « la provocation au délit prévu par l'article L. 3421-1 [l’usage de stupéfiants] ou à l'une des infractions prévues par les articles 222-34 à 222-39 du code pénal [les délits liés au trafic de stupéfiants], alors même que cette provocation n'a pas été suivie d'effet, ou le fait de présenter ces infractions sous un jour favorable est puni de cinq ans d'emprisonnement et de 75000 euros d'amende ».

En l’occurrence, l’attitude des personnes autour de la table, les éclats de rire échangés et les allusions au fait que la consommation du space brownie allait procurer joie et bonne humeur à tous sont de nature à présenter la détention et l’usage de cannabis sous un jour favorable, ce qui exposerait en principe tant l’auteur de la blague que le(s) diffuseur(s) de la séquence vidéo à des sanctions conséquentes. En opportunité, cependant, les personnes concernées encourent vraisemblablement un avertissement du CSA plutôt que des poursuites pénales en bonne et due forme pour ce canular.