Jeudi 29 juin. Aujourd’hui on plie bagage. C’est un peu dur de quitter comme ça brutalement ce petit village d’Amfreville qui nous a si bien accueilli depuis le début. On était comme chez nous ici, en famille en quelque sorte. La mienne qui est restée en Tunisie me manque un peu par moment, et de temps en temps j’ai un peu le mal du pays.
Les gens d’ici ont été formidables avec nous. Moi je m’en rappellerai toute ma vie. Mes premières nuits en France c’était ici dans leur village, et ça ça ne s’oublie pas. Avec les copains on a fait quelques photos avec les habitants du coin, la mère Michèle bien sûr et bien d'autres, ça nous fera des souvenirs pour nos vieux jours.
On déménage car le front avance. Mais bon on ne va pas très loin puisque notre bataillon fait mouvement devant Bréville en ruine à quelques kilomètres de là. On doit précéder le mouvement général du n°4 Commando qui nous rejoindra 15 jours plus tard. Le QG du Commando s’installe dans la plus importante maison du village encore debout.
Nous on prend nos quartiers comme d’habitude dans des tranchées creusées de manière semi-circulaire, autour du village. Le soir on est déjà en position face à l’ennemi, prêt s à en découdre. Autour de nous, dans tout le voisinage, des centaines d’obus abandonnés par les batteries d’artillerie allemandes. Visiblement ça a pas mal canardé dans ce secteur.
A nous maintenant de prendre le relai, la bataille est loin d’être terminée !