Lundi 12 juin. Depuis hier soir on a été retirés de nos positions en première ligne. On nous a rassemblés en repos dans le parc et dans les étables du château d’Amfreville. Une fois de plus on a creusé des tranchées pour y passer la nuit. Les bombardements et les tirs d’artillerie n’ont pas cessé depuis qu’on est là, on se fait tout petits dans nos trous de combats.
On est encore sous le choc de l’attaque allemande d’il y a deux jours. On a perdu pas mal de copains dans cette histoire… Hier encore, à 500 m de nos positions, un gars de la troop 1, Pierre Vinat, a été abattu au petit matin dans le secteur de la Basse Ecarde. Il avait 24 ans. On l’a enterré aussitôt dans une fosse provisoire à Amfreville. Déjà 4 morts de plus depuis le 6 juin, on pensait pourtant vraiment avoir fait le plus dur…
Pour l’heure les Anglais du 6 Commando et deux bataillons de paras sont passés à l’attaque. Toute la région d’Amfreville est bombardée. Le vacarme est assourdissant ! Devant nous Bréville, que nous tentions de prendre aux Allemands depuis plusieurs jours a enfin été libéré dans la soirée grâce aux chars et à l’artillerie. Enfin une bonne nouvelle !
Malgré les pertes dans nos rangs on arrive à avancer malgré tout. Et on va pouvoir repartir en patrouille dés que le front sera de nouveau stabilisé. Avec Andriot, on n’attend que ça. Je préfère cent fois tomber dans ces patrouilles de nuit, dans l’action, que de faire partie des 5 ou 6 tués ou blessés qu’on compte chaque jour à cause des obus ou des tirs de mortiers allemands…