Mardi 27 juin. Le mois de juin tire à sa fin. La fatigue est grandissante et nous sommes de moins en moins nombreux pour tenir le secteur qu’on nous a confié. Seules les patrouilles viennent nous occuper. A quelques kilomètres de là, la bataille de Caen fait rage, ce qui explique notre relative tranquillité.
Notre vie devient assez monotone sur le front. Heureusement on reçoit nos premières lettres d’Angleterre ainsi que des magazines anglais, ce qui nous fait un peu de lecture.
Quand on peut, on essaye aussi de faire un peu de cuisine pour améliorer l’ordinaire qui est vraiment très ordinaire. Guilcher, ancien boulanger sur l’ile de Sein, met parfois la main à la pâte.
Galton lui aussi est de la partie. Lui c’est un ancien cuisinier. C’est un bon dans son genre. Il a fait deux fois le stage commando après s'être fait virer entre les deux par Kieffer pour un problème d'indiscipline. Il avait juste abattu une vache avec son fusil mitrailleur. Là il a réussi à construire un four en terre. Ceux comme moi qui ne sont pas de garde ou en patrouille, on a été conviés à goûter un cochon de lait rôti par ses soins. Excusez du peu ! C’est ce genre de petits détails qui nous raccrochent à la vie.
Mais le moment qu’on apprécie le plus c’est quand on peut descendre sur Amfreville et s’attabler au café de madame Michèle. Là, sur la place du Plein, cette petite gargote est devenue le point de passage obligé des commandos pour qui veut prendre un peu de bon temps et souffler un peu à l’écart des lignes allemandes.
Et en plus il y a toujours une bonne bouteille qui nous attend nous les Français !