Dimanche 18 juin. Il fait un temps de chien. Une épaisse pluie continue nous arrose copieusement depuis le lever du jour. On n’est plus dans des tranchées mais dans de véritables baignoires ! Coté artillerie ennemie, la matinée a été plutôt calme. Faut dire que comme nous sommes très en avant on n’est pas ennuyés par les obus allemands. Par contre chaque fois que la Navy ouvre le feu depuis la mer ses premiers coups tombent bien près de chez nous. Nul n’est parfait. Mais bon ce serait comme même bête de mourir sous le feu des British !
Depuis qu’on est installés ici, c’est la nuit que les gardes sont vraiment pénibles. La position qu’on occupe est excellente de jour, on a un angle de feu très étendu. Mais une fois l’obscurité venue, les Allemands peuvent à tout moment venir nous attaquer à la grenade. Alors il s’agit pas de s’endormir durant les gardes, il faut rester vigilant !
Il est déjà 22h00 et cette nuit c’est à mon tour de m’y coller. J’avale rapidement ma ration et scrute l’horizon. Il n’y a rien de pire que le silence le plus total dans ces moments là. Le moindre bruit vous glace le sang. Ce soir ça tombe bien, il y a pas mal de vacarme du côté de Bavent, ça bombarde à tout va…ça me rassure un peu.
Une de nos patrouilles vient de partir dans les lignes. Trois copains qui s’enfoncent lentement dans la nuit. A chaque fois je me dis que c’est peut-être la dernière fois que je les vois… Et à chaque fois je suis rassuré quand j’apprends qu’ils sont revenus sains et saufs… Mais cette fois-ci qu’en sera t’il ? Les Allemands sont toujours là en face, prêts à en découdre…