Jeudi 25 mai 1944. Nous quittons Bexhill ce matin pour ce fameux camp secret.
On s’est regroupé par troop devant la gare. Deux petites filles sont spontanément venues remettre un bouquet de fleurs au colonel Dawson. C’était amusant.
Soleil radieux. Il fait beau et chaud et on sera sûrement en France dans quelques jours (enfin c’est ce qu’on espère tous…). Du coup le moral est vraiment bon !
Embarquement à 10h15 par le train de Southampton.
Le voyage a été assez long. Du coup, on a eu le temps d’admirer le paysage par la fenêtre du wagon : à gauche, la mer, à droite, les collines du Sussex. C’était assez incroyable de voir à quel point la région a été transformée. On dirait maintenant un camp retranché à ciel ouvert. Sous chaque arbre se trouve une jeep, un camion, un char ou tout autre moyen de transport. Les bords des routes servent de parkings. Tous les champs sont couverts de tentes ou de baraques ou bien servent de dépôts de munitions ou de terrains d’aviation.
Tout le long du trajet, les civils qui nous ont vu passer nous ont salués de leurs doigts levés en V, en signe de victoire. C’est formidable de voir tout un pays mobilisé dans cette guerre. Ça fait chaud au cœur !
Au cours d’un arrêt dans une petite gare, on a croisé un train chargé de paras avec lesquels on a échangé par la fenêtre. Ils ne savent pas plus que nous où ils vont.
On est arrivé à Southampton vers 15 heures. De là, on a embarqué dans des camions bâchés.
Tout le monde chantait. Il y avait une de ces ambiances ! Là encore les civils applaudissaient sur notre passage.
À 18 heures, on est enfin arrivé à destination. On est à Titchfield parait-il. Il y a des MP de garde, armés, et une triple rangée de barbelés tout autour du camp. On dirait bien qu’on veut nous garder au frais quelques temps.
À la descente des camions, distribution des couvertures et attribution des couchages. Le camp est luxueux : cantine, cinéma, salle de lecture, hôpital, douches chaudes à toutes heures ! Ça, on peut dire que les ricains ils savent arranger un camp !
Ce soir, on sort une dernière fois pour fêter ça car il paraît que demain on sera consignés…