Samedi 22 juillet. Voilà plus d’un mois et demi que nous sommes installés et isolés dans la tête de pont alliée. Nous avons perdu près de la moitié des nôtres et pourtant, peu de choses bougent. Mais on tient bon. Heureusement que les Boches ne connaissent pas nos effectifs. S’ils savaient qu’on est cinq fois moins nombreux qu’eux !
Le pacha nous a fait part d’un message que lui et les autres officiers de la brigade ainsi que de la 6e Airborne ont reçu. C’est le général Montgomery qui nous félicite d’avoir tenu la tête de pont si longtemps. Il estime que la prise de Caen est la récompense de ces efforts : « Vos troupes ont dû souvent se demander pourquoi tant de sacrifices étaient nécessaires pour obtenir et tenir cette tête de pont. Maintenant, ils en connaissent la raison ; et ainsi la cause des Alliés tout entière récolte la moisson qui a été si libéralement semée par vos troupes. Beau travail. »
Cela fait chaud au cœur. Pourtant, nous ne savons pas combien de temps nous pourrons encore tenir dans ces conditions. Nous ne sommes vraiment plus nombreux. Demain, le pacha doit d’ailleurs s’absenter. Il va à Bayeux avec Dawson et le lieutenant Kennedy, le médecin du n°4. Ils vont sélectionner des gars du 3e bataillon du génie, une unité française arrivée en Normandie, pour les diriger ensuite vers l’Angleterre afin d’en faire des commandos dans les plus brefs délais…