Le FLOP 10 de com' politique 2015 - Suite et fin !

En ces temps de marrons glacés et de thés brûlants face à la cheminée, l'heure du bilan a sonné. Pas la peine de tergiverser, vous ne couperez pas -ici non plus- à la sacrosainte rétrospective de l'année 2015. Haters gonna hate, pas de classement. Juste 10 flops de com' politique qui vous ont exaspérés ou amusés. 

Après les cinq premiers, voici les cinq derniers !

Nicolas Sarkozy et la photo du 11 janvier

Après avoir refusé de prendre les appels de Jean-Christophe Cambadélis au prétexte qu'ils ne jouaient pas dans la même catégorie politique, Nicolas Sarkozy a finalement accepté le rendez-vous avec François Hollande en vue de sa venue à l'événement historique réunissant une cinquantaine de chefs d'Etat : la marche républicaine en hommage aux victimes de l'attaque terroriste contre «Charlie Hebdo» et des prises d'otages qui ont suivi. C'est entendu, il sera de ce rassemblement d'union nationale le 11 janvier, mais à une seule condition : qu'on lui réserve un accueil digne de son rang. La suite, vous la connaissez. L'ex-président de la République, bras dessus, bras dessous avec son épouse Carla Bruni, a réussi à se glisser non loin du premier rang. Pas vraiment élégant, ni digne de ses fonctions passées à l'heure du recueillement. Les internautes se sont très vite emparés du cocasse de la situation pour la détourner.

Montage photo : Béné Lr

Montage photo : Béné Lr

Montage photo : Topito

Montage photo : Topito

Myriam El Komry et le renouvellement du CDD

Face à Jean-Jacques Bourdin, Myriam El Komry perd ses moyens : visiblement, elle ne sait pas combien de fois se renouvelle un CDD. Une question à laquelle pourtant les Français peuvent aisément répondre, eux qui sont de plus en plus soumis à ce type de contrats précaires. Certes, la question n'est sans doute pas essentielle. Mais lorsque l'on est ministre du travail, pas de place aux approximations et surtout pas de place aux erreurs de communication. Car il s'agit bien de cela : si la ministre avait répondu juste, Jean-Jacques Bourdin aurait très certainement posé une autre question. Et ainsi de suite, jusqu'à ce que la ministre échoue. Pourquoi entrer dans ce jeu nécessairement perdant ? Si Myriam El Komry se défend en disant qu'elle n'a pas de communicant à son service (sous-entendant qu'elle n'est pas comme tous ces politiques pervertis) peut-être faudrait-il qu'elle y songe. Car l'un des tout premiers enseignements en communication politique est le suivant : une interview n'est jamais une relation de maître à élève et en tant que ministre, c'est elle qui doit imposer son autorité. En aucun cas l'inverse.

Le FN et le 1er mai

Marine Le Pen affirme à qui veut l'entendre que le FN a fait le ménage en ses rangs. Diabolisé vous dit-on. C'est un peu vite aller en besogne si on en juge la gestion de la communication désastreuse de sa manifestation traditionnelle du 1er mai. Non seulement, les Femen, qui ont fait irruption lors du défilé, ont été sévèrement molestées par le service de sécurité du FN, mais plus encore, Bruno Gollnisch n'a pas hésité à frapper les journalistes du Petit Journal en reportage pour l'occasion. Sans compter l'entrée tonitruante sur scène de Jean-Marie Le Pen, tout de rouge vêtu, obligeant sa fille à se taire, avant de disparaître sans même l'écouter.

Un 1er mai du Front national mouvementé

Nadine Morano et la "race blanche"

Après ses déclarations racistes sur "la France, pays de race blanche" lors de l'émission "On n'est pas couché" diffusée fin septembre sur France 2, Nadine Morano persiste et signe. Tout en dénonçant une instrumentalisation, elle menace directement l'ex chef de l'Etat : "Nicolas Sarkozy, ce n'est même pas la peine qu'il songe à se présenter à la présidentielle, je le dézinguerai !" prévient-elle dans Le Point. L'entourage de l'ex-chef d'Etat ironise auprès de l'hebdomadaire : "C'est la meilleure chose qui puisse nous arriver." Elle perdra finalement son investiture aux élections régionales. Ce sont les mêmes termes qui ont coûté la victoire à Claude Bartolone en Ile-de-France. Il avait accusé son adversaire, Valérie Pécresse, de «défendre Neuilly, Versailles et la race blanche». Encore un signe de la victoire du FN sur la bataille de communication : le parti d'extrême droite a réussi à imposer son vocabulaire et ses odieuses représentations du monde, le tout repris allègrement par l'ensemble de la classe politique. Les régionales ont commencé et se terminent sur ces termes abjectes. A quand une prise de conscience des politiques pour imposer leurs propres thématiques ? 

Nicolas Sarkozy et son "confiant et serein"

A en croire l'ensemble de ses amis politiques en ce début mai 2015, Nicolas Sarkozy serait "confiant et serein"'Il faut laisser la justice faire son travail' entend-t-on en boucle sur les chaînes d'information continue. Pourtant la veille, son ancien conseiller en communication, Franck Louvrier, a été placé en garde à vue dans l'affaire des fausses factures Bygmalion. Pire, la cour d'appel de Paris a validé la procédure dans l'affaire des écoutes. L'ancien président de la République reste donc mis en examen pour corruption et trafic d'influence. Autant vous le dire tout de suite, n'importe qui de normalement constitué aurait des raisons d'être inquiet. Mais pas Nicolas Sarkozy. Pourquoi les éléments de langage "confiant et serein" sonnent-ils si faux ? En quoi sont-ils le symbole de la "com' à la Papa" ? Parce qu'à chaque nouvelle affaire, on nous ressert cette expression. Franck Ribery lors du procès "Zahia" ? Confiant et serein ! Manuel Valls avant le vote de confiance ? Confiant et serein ! Jean-Marie Le Pen avant le bureau politique du FN ? Serein, évidemment ! Pour les politiques, plongés en situation sensible, il faut toujours donner l'impression de la plus grande maîtrise et du plus grand calme. Partant du principe que "dire, c'est être", la communication se doit d'être performative. Produire l'énonciation, c'est exécuter l'action. Pourquoi ne pas reconnaître les épreuves, lorsqu'elles se présentent ? Plus que jamais, les règles dévolues au dialogue énumérées par Platon nécessitent d'être réhabilitées à l'aune de notre agora numérique : écouter, accepter l’objection, ne pas se contredire, être prêt à reconnaître ses erreurs... Du bon sens, en somme. Plus vivante, moins dogmatique, cette nouvelle forme de dialogue implique une authenticité et un partage d'idées, plus qu'une simple posture de communication.

Anne-Claire Ruel

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