A en croire l'ensemble de ses amis politiques, Nicolas Sarkozy serait "confiant et serein". 'Il faut laisser la justice faire son travail' entend-t-on en boucle sur les chaînes d'information continue. Pourtant hier, son ancien conseiller en communication, Franck Louvrier, a été placé en garde à vue dans l'affaire des fausses factures Bygmalion. Pire, le même jour, la cour d'appel de Paris a validé la procédure dans l'affaire des écoutes. L'ancien président de la République reste donc mis en examen pour corruption et trafic d'influence.
Autant vous le dire tout de suite, n'importe qui de normalement constitué aurait des raisons d'être inquiet. Mais pas Nicolas Sarkozy. Bientôt, comme il l'a fait précédemment, il politisera la situation pour resserrer les rangs de ses militants en adoptant la posture de la victime. Déjà, il orchestre les sorties de ses porte-flingues amenés à répondre, à sa place, dans les médias.
Pourquoi les éléments de langage "confiant et serein" sonnent-ils si faux ? En quoi sont-ils le symbole de la "com' à la Papa" ? Parce qu'à chaque nouvelle affaire, on nous ressert cette expression.
Franck Ribery lors du procès "Zahia" ? Confiant et serein ! Manuel Valls avant le vote de confiance ? Confiant et serein ! Jean-Marie Le Pen avant le bureau politique du FN ? Serein, évidemment ! Pour les politiques, plongés en situation sensible, il faut toujours donner l'impression de la plus grande maîtrise et du plus grand calme. Partant du principe que "dire, c'est être", la communication se doit d'être performative. Produire l'énonciation, c'est exécuter l'action. C'est ainsi que Jérôme Cahuzac, sans doute conseillé par des communicants soucieux de bien faire, a ainsi utilisé pour ses tweets les hashtags intégrité, vérité, sérieux....avant qu'il ne soit publiquement démasqué !
Evidemment, difficile de dire en public "Je flippe à mort. Cette fois, je me demande si vraiment cette loi va passer". Mais après tout, sans aller jusque là, pourquoi ne pas reconnaître les épreuves, lorsqu'elles se présentent ? Plus que jamais, les règles dévolues au dialogue énumérées par Platon nécessitent d'être réhabilitées à l'aune de notre agora numérique : écouter, accepter l’objection, ne pas se contredire, être prêt à reconnaître ses erreurs... Du bon sens, en somme. Plus vivante, moins dogmatique, cette nouvelle forme de dialogue implique une authenticité et un partage d'idées, plus qu'une simple posture de communication.
Pourquoi, toujours et encore, enduire les prises de paroles médiatiques de ce vernis communicationnel dont personne n'est dupe ? Et si les politiques faisaient (enfin) le choix de révéler leurs aspérités pour passer un message singulier ?
Anne-Claire Ruel
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