Le principal suspect de l'attentat de Copernic bientôt extradé

Plus de trente ans après les faits, les investigations sur l’attentat de la rue Copernic devraient prendre un tournant décisif dans les jours à venir. Le juge antiterroriste Marc Trévidic devrait, avant la fin de l'année, pouvoir entendre dans son bureau le principal suspect de l'attentat, Hassan Diab, qui depuis tant d'années échappe à la justice française. C’est aussi le plus ancien dossier de la Brigade Criminelle de Paris: 32 ans d’enquête, des milliers de pages de procédures, d’auditions, de photos, de surveillances, pour cet attentat commis près d'une synagogue de la rue Copernic. Bilan du drame: quatre morts et une quarantaine de blessés.

le portrait robot du poseur de bombe

Une page sombre du terrorisme en France

Le 3 octobre 1980, vers 18h40, une bombe dissimulée dans la sacoche d'une moto explose à quelques mètres de la synagogue de l'Union libérale israélite, dans le 16e arrondissement de Paris, quelques minutes seulement avant la sortie des 320 fidèles réunis en cette veille de Shabbat. Au-delà de l’horreur, l’attentat avait provoqué une émotion considérable en France et suscité le lendemain une manifestation de protestation de plusieurs centaines de milliers de personnes à Paris.

L’enquête confiée à la Section antiterroriste a longtemps pataugé malgré un énorme travail des policiers. Finalement dix ans plus tard, un nom est apparu, celui d’Hassan Diab, rapidement considéré comme le poseur de bombe. D’origine palestinienne et aujourd’hui âgé de 58 ans, l’homme s’est installé au Canada. C’est un respectable sociologue de l’université d’Otawa. A l’époque de l’attentat, il militait dans les rangs d'un groupuscule terroriste palestinien né dans les années 1970, le Front populaire de libération de la Palestine-Opérations spéciales (FPLP-OS), hostile à Yasser Arafat. Paris aurait été puni par les terroristes pour ses relations jugées trop proches de ce leader palestinien.

4 morts et une quarantaine de blessés

Des années d'attente

Etrangement, le magistrat de l’époque Jean Louis Brughiere n’a jamais délivré de commission rogatoire internationale - le document qui aurait permis d’entamer des démarches auprès des autorités canadiennes pour extrader le suspect- et ce malgré les demandes répétées des enquêteurs de la Brigade Criminelle. Il faudra attendre le départ à la retraite du juge, accusé d’avoir enterré le dossier, et son remplacement par Marc Trévidic, pour relancer les investigations.

Les évènements s’accélèrent un peu en 2007 quand la commission rogatoire à l’encontre du suspect est enfin délivrée. Mais il faut attendre encore juin 2011 pour que le gouvernement canadien, autorise l'extradition d’Hassan Diab. Ce dernier clame son innocence et use de tous les recours auxquels il a droit. Mais aujourd'hui,  tous sont épuisés et son départ pour la France doit être dans les jours à venir annoncé par les autorités canadiennes. Le magistrat antiterroriste et les enquêteurs français qui se succèdent depuis tant d’années sur ce dossier, attendent ce moment avec impatience pour rendre enfin justice aux victimes dela rue Copernic.