Il arrive encadré de deux gardes du corps, et pourtant, Marc Trévidic n’a pas du tout l’allure de cow-boy du juge Bruguière, son tonitruant prédécesseur. Le magistrat antiterroriste, en pleine promotion de son livre Terroristes, Les sept piliers de la déraison (ed. JC Lattès) aborde sans détours l’affaire Merah et s’exprime librement sur les limites de la lutte antiterroriste. Mais le magistrat ne se contente pas de livrer les coulisses de certaines enquêtes. Il explore aussi la psychologie, le chaos intérieur des terroristes de tout poil défilant dans son bureau. Rien n’est inventé, tout est véridique, dit-il, c’est un condensé des centaines de rencontres qu’il fait depuis deux ans.
(Vidéo: Hervé Pozzo)
Le magistrat n'a pas voulu faire un livre de pur technicien de l'antiterrorisme. Il entrecoupe ses analyses de témoignages où il se met dans la peau des auteurs comme des victimes. Le voici tour à tour islamiste barbu parti faire le jihad, mère subissant la radicalisation de son fils, jeune épouse islamiste, future victime d’un attentat... Il s'imagine même en président Reagan négociant avec un Ben Laden débutant pour lui vendre des armes de guerre ! Après tout, qui mieux qu’un magistrat en charge d'une quarantaine de dossiers ultra-sensibles, dont celui de l’assassinat des moines de Tibéhirine (Algérie) ou de l’attentat de Karachi, pouvait ainsi décrypter les enjeux et les compromissions des grandes puissances à l’égard du terrorisme international.