Newt Gingrich refait parler de lui : l'adversaire malheureux de Mitt Romney lors des primaires républicaines s'est fendu lundi 24 septembre d'une visite dans la banlieue de Saint-Louis, dans le Missouri, pour soutenir Todd Akin. Todd Akin, souvenez-vous, c'est ce candidat grisonnant au Sénat américain qui pense que les femmes victimes d'un "véritable viol" ont peu de chances de tomber enceintes.
Cette déclaration bien mal à propos lui a valu de se faire lâcher en rase campagne par son parti. Avec 9 points de retard sur Obama dans l'électorat féminin selon les derniers sondages, pas question pour Mitt Romney d'être associé à l'auteur de tels propos. Todd Akin fait depuis sa sortie l'objet d'une pression immense de l'establishment républicain pour laisser la place à un républicain moins polémique... Mais voilà, il refuse de s'effacer.
Gingrich, faux ingénu, vrai poil à gratter du GOP
De quoi lui attirer la sympathie de Newt Gingrich, qui sait ce qu'être seul contre tous signifie. Sa fin de campagne pour les primaires, prolongée au delà du raisonnable, lui avait valu les railleries de son parti. Il semble avoir décidé de prêter main forte à ce camarade d'infortune, pourtant aussi éloigné de lui qu'on peut l'être : là où Gingrich est un politicien talentueux mais iconoclaste, haut en couleur et marié trois fois, Akin est un parlementaire de province discret, chrétien pratiquant et apôtre des valeurs ultraconservatrices.
Pour le défendre, Newt Gingrich se fait presque ingénu. "Si Todd et les citoyens du Missouri ont décidé de faire de cette élection un scrutin serré [la position de la sénatrice démocrate est considérée comme fragile], au nom de quel argument moral ne soutiendrions-nous pas le candidat qui a obtenu la nomination républicaine ?" explique-t-il devant les reporters venus sur place étudier cette étrange association.
Son véritable argument est celui du principe de réalité : mardi 25 septembre était la date limite pour obtenir un retrait volontaire d'Akin. Passé ce jour, il faut au parti républicain une décision de justice pour retirer son nom des bulletins de vote. Mais on ne peut s'empêcher de penser que Newt Gingrich a sauté sur l'occasion de jouer une fois de plus les poils à gratter de son parti...