Dans la vidéo clandestine qui embarrasse depuis lundi Mitt Romney, il y a le passage dont on parle... et les autres. Filmé à son insu lors d'un dîner privé destiné à lever des fonds, le candidat républicain n'a pas seulement parlé des "assistés" qui votent Obama, il s'est aussi exprimé sur le conflit israélo-palestinien. Le magazine Mother Jones a diffusé, mardi, l'extrait concerné. Le candidat y développe une vision anti-palestinienne et très fataliste du conflit qui, si elle flatte son électorat, s'avère peu compatible avec la politique étrangère que devrait mener un président des Etats-Unis.
Selon Mitt Romney, "les Palestiniens ne montrent aucun intérêt pour une issue pacifique" au conflit, issue dont ils "ne veulent pas de toute façon, pour des raisons politiques". Le candidat explique ensuite qu'il ne croit pas à un processus de paix s'appuyant sur une solution à deux Etats. "Les Iraniens voudraient faire avec la Cisjordanie (base d'un hypothétique Etat palestinien) ce qu'ils font aujourd'hui avec le Liban (...), amener des armes et des missiles pour menacer Israël", qui réclamerait des mesures inacceptables pour les Palestiniens.
Une prise de position pas très risquée sur le plan électoral...
Propos incendiaires ? Pas dans le parti de Mitt Romney, traditionnellement pro-israélien. Dans un sondage réalisé par le Pew Research Center, 63 % des électeurs républicains déclaraient avoir davantage de sympathie pour les Israéliens que pour les Palestiniens, et 40% jugeaient en outre que Barack Obama était trop favorable à ces derniers. Cette opinion est particulièrement ancrée au sein de l'aile droite religieuse du parti, qui critique fortement la pression exercée par l'administration Obama sur Israël pour mettre fin à la colonisation en Cisjordanie.
Sur le fond, les déclarations filmées à l'insu de Mitt Romney diffèrent peu de ses positions officielles, affichées notamment sur son site de campagne : un soutien militaire sans faille à Israël, et davantage de fermeté envers les Palestiniens. Une contradiction, tout de même: il dénigre le scénario à deux Etats, auquel il s'était déclaré favorable dans une interview au journal Haaretz.
... mais qui inquiète s'il devenait président
Sur la forme, les propos tenus dans la vidéo tranchent par leur fatalisme assumé : dans le conflit israélo-palestinien, explique le candidat, il faut "[espérer] atteindre un certain degré de stabilité, mais [reconnaître] que cela restera un problème non résolu". Pas vraiment de quoi rassurer les alliés de Washington qui compteraient sur l'activisme américain pour faire bouger les lignes... Le candidat républicain, très critique dernièrement sur la politique étrangère de Barack Obama, semble ici peu pressé de se pencher sur l'un des sujets les plus délicats en la matière.
Comme le résume avec justesse Politico, "les implications de cette vidéo sont moins problématiques pour Romney candidat qu'elles ne le seraient pour Romney président".