Pour les militants anti-avortement - "pro-life" aux Etats-Unis -, Melissa Ohden, 35 ans, est une preuve vivante de la légitimité de leur combat : la jeune femme est née d'un avortement raté, réalisé en 1977 sur sa mère biologique. Devenue une ardente militante pro-life, elle raconte son histoire dans un clip vidéo réalisé par l'organisation anti-avortement Susan B. Anthony List qui attaque les positions de Barack Obama, favorable au droit à l'avortement, sur le sujet. Il a été diffusé à la télévision américaine le 6 septembre, alors même que le président prononçait son discours à la convention démocrate à Charlotte, en Caroline du Nord.
"J'ai été avortée, et mon corps jeté comme si je n'existais pas", explique Melissa Ohden face à la caméra. Dans un reportage qui lui est consacré, la chaîne chrétienne CBN explique que sa mère biologique, âgée de 19 ans au moment des faits, s'était rendue dans une clinique pratiquant l'avortement "pour mettre fin à la vie de son bébé de cinq mois". Mais alors que la procédure était terminée, "une infirmière a entendu les cris du bébé venant des déchets médicaux", précise l'article.
Un récit légèrement dramatisé
D'une perspective française, le délai de cinq mois peut choquer mais aux Etats-Unis la Cour suprême a défini la limite légale comme étant celle de viabilité du fœtus, soit 22 à 24 semaines de gestation, même si certains Etats ont ramené ce délai à 20 semaines. Dans le cas de Melissa Ohden cependant, une grossière erreur d'appréciation a manifestement eu lieu : le certificat médical de l'époque explique que les médecins pensaient sa mère enceinte de 18 semaines, mais qu'elle aurait en réalité pu en être à son sixième ou septième mois.
Si l'histoire est poignante, elle a aussi subi quelques arrangements avec la réalité. Ainsi, le certificat médical raconte les efforts des médecins pour porter secours au nouveau-né sorti vivant de l'utérus de sa mère, qui sont difficilement compatibles avec l'idée d'un bébé "jeté aux ordures". Laquelle n'est corroborée par aucun témoignage probant, selon le Washington Post.