Le débat décisif en coulisses

Nous l'avons qualifié de "décisif" parce qu'il l'est, à trois jours du premier tour de la primaire de la droite et du centre. François Fillon va-t-il poursuivre sa progression ? Alain Juppé va-t-il enrayer le tassement que les sondeurs constatent (tout en le donnant toujours en tête) ? Nicolas Sarkozy est-il sous évalué dans ces mêmes sondages ? Les électeurs de gauche vont-ils modifier le scrutin de cette primaire en y participant ? Ces questions se posent avec une acuité d'autant plus forte qu'il reste peu de temps.

Sur le plan médiatique, ce débat, jeudi 17 à 20h55, est la dernière chance pour les sept candidats de grappiller quelques points.

un assistant réalisateur pour jouer le rôle de David Pujadas

un assistant réalisateur pour jouer le rôle de David Pujadas

Pour moi, travailler sur ce genre d'émission est une première. D'abord parce que je n'ai jamais préparé de débat. Ensuite, parce que je n'ai jamais travaillé en partenariat avec d'autres rédactions.

Pour ce qui est du débat, j'avoue y être allé d'abord à reculons. Michel Field m'a demandé de m'y coller à la place de la supervision des élections américaines pour France 2 et France 3 à New York. J'avais pourtant préparé ces élections ; autant dire que je n'étais pas ravi de louper ce moment d'Histoire, même si je n'avais pas plus prévu la victoire de Trump que mes confrères.

C'était il y a six semaines. Je dois dire que je suis allé aux premières réunions avec la haute autorité de la primaire avec peu d'entrain. Mais j'ai vite changé d'avis. J'ai eu le déclic en regardant le premier débat. Un défi s'ouvrait alors à nous ; comment faire en sorte que ces compétiteurs en arc de cercle débattent. Comment faire pour éviter le syndrome du "jury de thèse" (ou de la "star ac", comme vous voudrez), à savoir des candidats face à des jurés, cherchant à les séduire, en oubliant de parler entre eux. Le deuxième débat a fait mieux que le premier dans ce domaine, mais je pense qu'on est encore loin du compte. On doit pouvoir faire mieux.

Et les faire débattre ne veut pas forcément dire les faire s'attaquer sur de petites phrases ou sur leurs règlements de compte. Il y a moyen de faire émerger leurs différences sur le fond. C'est notre but. D'autre part, nous avons à coeur de ne pas répéter ce qui a déjà été dit. D'où les choix drastiques de nos thèmes : Trump, la guerre en Irak/Syrie, l'Europe, la jeunesse, la protections sociale, l'environnement, et d'autres encore. Cela ne signifie pas que la fiscalité des entreprises ou des classes moyennes, par exemple, ne nous intéressent pas ; mais simplement que ces thèmes ont déjà été labourés.

L'autre raison de mon entrain, certes tardif, c'est de retrouver David Pujadas ! J'ai renoué avec les sensations de mes six ans de rédaction en chef du 20H. Après tout ce temps je suis encore bluffé par la mécanique intellectuelle du bonhomme. Nous en sommes à la cinquième réunion de préparation du plan de l'émission et des questions. Et on n'a pas fini ! On peaufinera les questions jusqu'au bout. Nous nous sommes vus tous ensemble, avec les gens d'Europe 1 et de la Presse Régionale, puis David et moi avons travaillé successivement avec les trois autres intervenants de ce débat : Nathalie Saint-Cricq, la patronne du service politique de France 2, Jean-Pierre Elkabbach, d'Europe 1 et Hervé Favre, éditorialiste de la Voix du Nord.

Hervé Favre avec David Pujadas

Hervé Favre avec David Pujadas

Mes amis, les séances de travail avec Jean-Pierre et David, c'est quelque chose ! J'en ai même oublié de prendre une photo ! Respect mutuel, émulation, répartition extrêmement précise des tâches, à laquelle j'espère ne pas être étranger. Mais une fois ces bases posés, mon Dieu que ça va vite d'un côté à l'autre de la table ! Un spectacle en soi. Dur d'en placer une...

Dans le même temps, il me fallait avancer sur la production. Michel Field voulait un plateau plus "cocon" que celui des autres débats, avec des teintes moins agressives. Les conseillers des candidats semblent avoir apprécié ces aspects là lors de leur visite préparatoire. Un bon point pour nous. Nous voulons qu'ils soient "bien" pour être "bons". c'est notre intérêt pour obtenir un débat de qualité.

Notre plateau à 360° (images Nathalie Duboz) :

https://www.facebook.com/franceinfo/videos/206944449753247/

A l'heure où j'écris ces lignes, il me faut encore choisir les questions posées en vidéo sur Facebook par les internautes qui ont répondu à nos appels. Il y en a des biens. je vais en retenir trois, qui rythmeront le débat.  Je vous quitte vite pour cela. Avant d'appuyer sur "programmer la publication" pour demain matin (ce matin pour vous).

Texte et photos Pascal Doucet-Bon

 

Doublures lumière à la place des candidats

Doublures lumière à la place des candidats

Thierry Solère, organisateur de la primaire (à gauche) en plein repérage

A gauche, Thierry Solère, organisateur de la primaire en plein repérage du plateau

Didier Froehly montre les caméras à une conseillère de François Fillon

Didier Froehly, le réalisateur, montre les caméras à une conseillère de François Fillon

Publié par Pascal Doucet-Bon / Catégories : Non classé