Fidèles au poste ! Dimanche 8 mai nous prendrons l'antenne à 9h50 pour commémorer la capitulation allemande. Marie Drucker sera au commande avec Pierre Servent.
Sur la période 1945-1950, bien trop survolée dans les programmes scolaires, qui ne la traitent que sous son aspect français, je ne résiste pas au plaisir de publier à nouveau la recension de cet ouvrage de Keith Lowe. J'avais écrit ce papier pour FTVI avant la création de ce blog :
L'Europe barbare, par Keith Lowe, Perrin, 2013
Livre événement dans plusieurs pays anglo-saxons, cet ouvrage n’a pas eu le retentissement qu’il méritait en France. Sa qualité tient d’abord à son sujet, rarement traité : l’après guerre. Ces cinq années suspendues ou rien n’était sûr que la souffrance des peuples.
« Imaginez un monde sans institution », écrit l’auteur, « plus de gouvernement (…) plus d’écoles, plus d’universités (…) plus de banques, plus de monnaie ». Keith Lowe nous plonge dans ce chaos de la majeure partie du théâtre du conflit. En creux, on ne peut s’empêcher de penser que l’obsession gaullienne de la reconstruction politique a bel et bien épargné à la France ce « désert » démocratique et humain.
Qui sait encore qu’en Yougoslavie, des milliers de prisonniers allemands ou croates moururent dans des marches de la mort du même type que celle de la Shoah ? Quel réalisateur hollywoodien s’est-il intéressé au million de prisonniers morts dans les camps soviétiques, soient un tiers de l’effectif ?
On savait le désarroi des déportés des camps les plus à l’est, dont Auschwitz, libtres mais livrés à eux même. Que dire du récit du jeune Juif allemand Roman Halter, caché près de Dresde, puis « libéré » par des soldats russes aussi antisémites que leurs prédécesseurs nazis ?
Avant qu’un ordre en remplace un autre, la parenthèse anarchique européenne, avec ses millions de réfugiés et de déplacés qui n’est pas sans rappeler l’actualité méditerranéenne, méritait d’être traité.
Pascal Doucet-Bon