14 juillet : l'ambulance du ciel

Demain jeudi 14 juillet, Jihane Benzina nous fera découvrir un avion jamais vu du grand public. Vous rappelez-vous le Glam, les avions de la république dont l'utilisation dispendieuse fit jadis scandale ? Tel ou tel ministre s'en servait pour un oui ou pour un non au frais du contribuable. Ce temps est révolu. L'utilisation de ces avions est censée être sous contrôle, désormais. L'escadron a au passage changé de nom, Il s'appelle "escadron de transport 60."

Eh bien l'avion que Jihane vous présentera appartient à cet escadron. C'est un Falcon, un avion d'affaire confortable, que les hommes du colonel Pierre peuvent entièrement reconditionner en ambulance. Jihane a répété le 11 janvier à Villacoublay. Son récit :

« A la Défense, ça passe tout juste près des tours !» s’exclame, enthousiaste, le Lieutenant-Colonel Pierre. Il a beau ne plus compter les heures de vol à son actif, cette répétition du survol de Paris pour le 14 juillet a tout d’un baptême de l’air.

Le Lieutenant-Colonel Pierre, chef de l’escadron de transport 60

Le Lieutenant-Colonel Pierre, chef de l’escadron de transport 60

« Grandeur nature, c’est impressionnant, surtout avec les particularités aéronautiques du défilé, qui demandent précision et concentration. Je suis confiant, même s’il y a un peu de trac : il ne faut pas se louper, il n’y a pas beaucoup d’espace entre les avions ! »
Je le rencontre à la base de Villacoublay, alors qu’il vient de descendre du Falcon 900 dans lequel il défilera jeudi prochain. Pour la première fois, l’escadron de l’armée de l’air qu’il dirige défilera pour la fête nationale. Anciennement connue sous le nom de Glam, l’escadron de transport 60 a deux missions : le transport d’autorités civiles ou militaires, et les évacuations médicales.

Transformé en ambulance en trois heures

L’escadron compte 6 avions Falcon, qui peuvent tous se transformer en ambulance aérienne pour aller secourir des soldats dans des zones de conflits, ou difficiles d’accès. C’est la mission Stratevac : « en trois heures, on peut partir n’importe où. Tout est en kit, préassemblé, nous devons être les plus réactifs possible. Nous devons transporter le patient vers un hôpital métropolitain en 24h maximum». Mobilisables 24h/24, 7j/7. En moyenne, ils interviennent une fois par semaine, sur tous les théâtres d’opérations.

L’adjudant Elie, convoyeur-infirmier

L’adjudant Elie, convoyeur-infirmier

Une intervention par semaine !

A l’intérieur, les siège sont repliés, un brancard est disposé sur le côté, le long de la paroi, entouré de matériel médical sophistiqué : respirateur, moniteur pour indiquer les pulsations cardiaques, pompe pour lutter contre l’effet de l’altitude. Dans les tiroirs, tous les kits de survie sont conçus pour prendre en charge un patient pendant 10 heures, dans l’éventualité de vols très longs. Un mini-laboratoire valise permet de faire des analyses de sang à bord. Sous le brancard, trois énormes bombonnes, qui n’existent que dans l’armée de l’air, contiennent au total 9000 litres d’oxygène « nous devons être parfaitement autonomes, nous pouvons même pratiquer une transfusion dans l’avion ».

Yann Moine, journaliste cameraman, filme l'exercice

Yann Moine, journaliste cameraman, filme l'exercice

Avec le pilote, l’équipage se compose d’un médecin, un infirmier, un réanimateur et un convoyeur de l’air. C’est ce poste qu’occupe l’Adjudant Elie, qui me fait visiter l’appareil : « en fait, un convoyeur fait l’interface entre la partie aéronautique et le service de santé. Nous sommes infirmiers, mais avons aussi une formation pour assurer la sécurité, le sauvetage, réparer le matériel s’il tombe en panne, trouver des solutions de secours. Je suis donc à la fois subordonné au commandant de bord et au médecin. Par exemple, s’il y a du temps de vol à respecter, je dois traduire cela en contraintes de soin.

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Pour le pilote, la mission n’est pas toujours simple, car même si c’est une évacuation médicale, la décision finale revient toujours au commandant de bord, toujours après avoir consulté tous les membres de l’équipage « c’est délicat, il y a des décisions à prendre en fonction de la sauvegarde de la vie humaine, par exemple, devoir se dérouter sur tel terrain mais y renoncer car pas d’hôpital proche, ou au contraire, ne pas pouvoir atterrir au plus près car situé dans une zone trop dangereuse...il y a toujours un blessé à bord, donc l’aspect aéronautique est toujours lié à la mission ».

Texte Jihane Benzina et Pascal Doucet-Bon

Photos Jihane Benzina

 

Publié par Pascal Doucet-Bon / Catégories : Non classé