Dimanche, Nicolas Offenstadt sera l'un des invités de notre spéciale "Verdun, la Paix". Agrégé et docteur en Histoire, il est maître de conférence à l'université Paris I et enseigne régulièrement en Allemagne. Vous apprécierez, je l'espère, son éloquence et sa clarté.
La grande guerre, carnet du centenaire, Nicolas Offenstadt et André Loez, Albin-Michel, Mission du centenaire de la première guerre mondiale, 2013
Avec André Loez, lui aussi historien de la grande guerre et l'éditeur Albin Michel, Nicolas Offenstadt a trouvé une manière attrayante d'évoquer le conflit pour le grand public : le carnet. Des textes courts, souvent illustrés, dont seul l'assemblage construit un discours, sans démonstration académique.
Après un récit chronologique et très synthétique, le 1er chapitre, le livre est construit en 8 sections dont la liste peut paraître de prime abord manquer de dynamisme éditorial. Il n'en est rien.
Le choix des lieux, par exemple, marque la volonté des auteurs de sortir des sentiers battus des nécropoles et champs de bataille les plus courus, pour nous faire découvrir non seulement la variété des sites mais, à travers eux, le caractère continental, puis mondial, de la guerre. Certes, Dixmude, près d'Ypres, nous est bien connue, mais irons-nous jamais à Anzac Cove, en Turquie, à Olsztynek, en Pologne, ou eut lieu la capitale bataille de Tannenberg, ou encore à Santa Isabel, en Guinée Equatoriale, "le Cameroun allemand" ? Et que dire des lieux près desquels nous passons sans rien savoir ?
Ou encore ces endroits qui raconte une histoire mal connue ?
Il en va de même pour le choix des acteurs. Les auteurs évitent les leaders, mais ne cherchent pas non-plus systématiquement les inconnus. Les exemples servent à dessiner un tableau synthétique, du colonel Lawrence à un déserteur nationaliste algérien déclarant la guerre sainte, en passant par un héros de guerre qui deviendra fasciste ou un témoin engagé du génocide arménien. Une guerre protéiforme, annonciatrice d'un chaos peut-être plus grand encore.
Les autres tableaux ou chapitres se dégustent de la même manière. Avec les mots et les objets de la guerre, Nicolas Offenstadt et André Loez rejoignent la démarche de l'équipe des spéciales. Nous aussi, nous tentons d'amener le téléspectateur à picorer quelques parcelles du grand dessein, de manière certes bien plus désordonnée que dans ce livre. Sur notre plateau, quelques objets animeront la spéciale. J'en dirai plus dans un autre post.
Voilà l'esprit de cet ouvrage passionnant, fluide, aussi dense que facile à lire. D'exemple en exemple, on ne lâche plus ces pages, même lorsqu'on ne voulait que les feuilleter. Un livre d'Histoire très moderne.
Pascal Doucet-Bon