Les mythes de la seconde guerre sous la direction de Jean Lopez et Olivier Wieviorka, Perrin, 2015
Olivier Wieviorka sera l'invité de notre Edition Speciale 8 mai. Historien, spécialiste de la seconde guerre mondiale et de la Résistance, on lui doit non seulement cet ouvrage, mais aussi le magnifique film que France 2 diffusera le 8 mai à 20h50 : l'après Hitler.
Les mythes de la seconde guerre mondiale, dont Olivier Wieviorka co-dirige la publication avec Jean Lopez, le directeur de la rédaction de Guerres et Histoire est d'abord une excellente idée d'angle.
En tant que reporter, mais aussi comme rédacteur en chef, j'ai toujours adoré tordre le cou aux idées reçues. C'est un mode narratif en soi, dynamique, flatteur pour l'ego de l'auteur et pédagogiquement légitime. Ce livre fonctionne sur ce registre.
Les deux compères ne convoquent, pour traiter chaque chapitre, que des "pointures" parmi lesquelles François Kersaudy, Jean-François Muracciole ou Claire Miot.
Pearl Harbor est une victoire japonaise !
Pas si simple, affirme Pierre Grumberg. Les premiers constats du désastre, côté américain, ont été trompeurs. "De fait", écrit l'historien, "sur les 82 navires de guerre présents le 7 décembre au matin, seuls trois d'entre eux (...) sont irrémédiablement perdus." Des bateaux par ailleurs proches de l'obsolescence. Bien sûr, les pertes américaines sont importantes, et l'auteur ne biz pas le caractère dramatique de l'événement, pas plus que l'audace du raid. Mais il démontre que, pour l'état major japonais lui même, "la mission [n'a pas été] accomplie", quelle que fut la propagande.
La Waffen-SS : des soldats d'élite !
Sélection raciale, critères physiques, dévotion sans faille du soldat et de son épouse, l'essence même de la SS était l'élitisme. Et pourtant, la "valeur professionnelle des troupes SS [fut] variable" et même "faible à ses débuts", écrit le spécialiste Jean-Luc Leleu.
Sur le front est, le taux de mortalité des SS était deux fois supérieur à celui de l'armée de terre. A tel point que la hiérarchie a du relancer d'urgence la formation. Le fanatisme ne tenait pas lieu de compétence.
Autre mythe : les volontaires. Malgré une propagande de tous les instants, la SS n'a pas réussi à attirer autant de recrues qu'elle le souhaitait : 6% des effectifs en juin 1941, explique l'auteur.
Alors, d'où vient ce mythe ? L'auteur démontre qu'il s'agit là d'un reste de propagande, qui a imprimé les esprits des Belligérants des deux camps. Terrifiant constat que la pérennité d'une information manipulée, à méditer sans concession.
23 mythes et idées reçues décortiquées
Le livre traite ainsi des affirmations péremptoires telles que "la défaite de 1940 était inéluctable", "Rommel était un bon chef de guerre" (Vincent Arbarétier, brillant) ou... "La France a contribué à la victoire des Alliés". Ce livre est un bouquin d'Histoire, pas un outil du "roman national" que certains croient à tort associé au travail de nos spéciales...
Pascal Doucet-Bon
Mon compère Daniel Wolfromm a lui-aussi adoré, alors nous avons convaincu (sans peine) l'équipe de Laurent Delahousse de diffuser un reportage dans le 20h de ce vendredi (6 mai) :
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