Dimanche soir notre spéciale Apocalypse Verdun (juste après le documentaire du même nom) s'installe dans la nef de l'ossuaire de Douaumont (Auquel je consacrerai un papier très vite). Un lieu magnifique pour le visiteur comme pour la télévision, à condition de travailler la lumière ! C'est la tâche de Joël Durban.
Directeur photo ; l'homme qui embellit les images de la plupart de nos émissions. A 66 ans, Joël Durban est réclamé par tous les réalisateurs avec lesquels je travaille depuis que je m'occupe des spéciales. J'avais donc envie de lui tirer le portrait depuis longtemps, mais l'homme a horreur de ça. J'ai du lui forcer un peu la main.
J'ai d'abord commencé par lui voler quelques photos :
Chez les pros aussi, les LED ont envahi le marché. Elles délivrent une lumière plus en plus chaude (après des débuts bien blafards...), et présentent l'avantage de ne pas changer de couleur (de température de couleur, plus exactement) quand on en diminue ou augmente l'intensité avec cette console lumière.
L'ossuaire en lumière naturelle directe aux beaux jours. Très beau à l'oeil mais infilmable... Vous verrez dimanche ce que Joël en a fait !
Il a commencé à réfléchir à sa lumière deux mois plus tôt, lors de notre premier repérage. La question était alors : quel emplacement pour la table ?
Voici l'ossuaire le même jour en lumière naturelle d'hiver. Très différent de ce que vous verrez dimanche !
Du point de vue de la lumière, quel est l'enjeu de cette spéciale ?
"Respecter la symbolique du lieu ! L'ossuaire se caractérise par des vitraux rouges, qui donne à la lumière du jour une couleur rouge-sang. J'ai cherché à donner plus de puissance aux couleurs chaudes, pour les besoins des caméras, mais aussi d'ajouter une respiration bleutée à cette lumière naturelle filtrée éventuellement oppressante, mais sans altérer l'esprit du lieu. J'espère avoir atteint ce but."
Comme au Panthéon en mai dernier ?
"Pour le Panthéon aussi, j'ai ajouté des lumières à la lumière naturelle de la nef. Au sous sol, j'ai cherché à réchauffer l'atmosphère sans "sur éclairer" ce qui devait rester une crypte. En apparence, cela paraissait très clair, mais pas à l'image !"
C'est un dilemme à chaque fois !
"Les endroits que j'aime mettre en lumière, ce sont les lieux existants, qui ont déjà une vie. J'aime recréer une atmosphère. Je trouve cela plus intéressant que de travailler sur un plateau où tout est calculé. Ici, à Douaumont, j'ai été obligé de composer avec le réel, alors que sur un plateau le décorateur s'adapte à la lumière que je cherche à faire, en cachant mes lampes, par exemple. Dans la nef de l'ossuaire, il était impossible de cacher tout mon matériel. Il m'a donc fallu travailler le plus légèrement possible. C'est ce genre de défi que j'affectionne. Ma discussion avec le réalisateur (Philippe Miramon, en l'occurrence), se déroule en fonction des contraintes du lieu ; c'est passionnant."
Pascal Doucet-Bon