"Mon grand père était un poilu", par Caroline Fontaine et Laurent Valdiguié, ed. Tallandier
Lorsque Marie Drucker lancera le premier reportage de notre spéciale « Apocalypse-Verdun », le 21 février, juste après le documentaire du même nom, une partie de la classe politique française sera à ses côtés. Pas physiquement ni moralement, mais historiquement.
A Fleury-Sous-Douaumont, Gustave Hollande, grand père de François, combattait dans l’hiver glacial de 1916. Au dessus de sa tête, survolant Saint-Mihiel, à quelques km au sud, Louis Rocard menait son dernier combat aérien, peut-être contre un autre as nommé… Hermann Goering ! Au même moment le grand père de Jean-Christophe Cambadélis « nettoyait », selon la terminologie militaire, les tranchées du Mort-Homme au lance flamme. Une mission dont il ne se remit jamais, alors que le grand père de François Bayrou défendait Douaumont
Voilà une manière nouvelle de décrire cette guerre de tous, à laquelle les ascendants de nos politiques actuels n’ont logiquement pas échappé, et dans laquelle Verdun est, tout aussi logiquement, au carrefour de tous les engagements. Laurent Valdiguié et Caroline Fontaine tentent d’établir des ponts entre la vocation, les convictions, des personnes interrogées et le souvenir de « leurs » poilus, qu’ils les aient connu ou non. Certains expliquent la construction de leur parcours politique.
Dominique de Villepin, lui, décrit même la première guerre mondiale, qu’il connaît pare coeur et dont il collectionne des objets, comme le socle de son engagement en diplomatie.
Quant au témoignage de Michel Rocard, qui se déroule sur les deux guerres, il pourrait servir de base à un scénario de film. Roselyne Bachelot, elle, se souvient du destin d’une des ses grands mères, munitionnette, héroïne sans médaille et sans homme.
D’autres découvrent des secrets de famille que leur participation à ce livre leur dévoile aujourd’hui (je ne vous les "spoile" pas...) Ainsi le témoignage de Cécile Duflot est très émouvant. Et que dire de Jean-Yves Le Drian ?
Il ignorait tout d’un des ses grands pères, jusqu’à son prénom. Tout juste savait-il qu’il « était mort de boisson » après guerre. le livre révèle un destin de poilu « hallucinant » : Quatre ans de guerre, infernal enchaînement des batailles les plus intenses. On devine l’émotion du ministre de la défense à la lecture de cet ouvrage remarquable, dense, qu’on dévore.