S.H.D. : Service historique de la Défense. Une belle découverte pour moi la saison dernière quand, sur une idée de Stéphane Bern, nous avons monté six interventions en direct du château de Vincennes, pour la spéciale 14 juillet. L'endroit, grand oublié des touristes à mon avis, abrite certes le donjon et la Sainte Chapelle, gérés par les Monuments Nationaux, mais aussi la "maison mère" du SHD et ses fabuleuse collections (80 km d’archives et 800 000 livres !), dont certaines sont classées secret défense.
Voici l'une des interventions de Stéphane, devant le "mur des cartes". Quand j'ai visité l'endroit, je n'aurais pas été surpris de croiser Harrison Ford, chapeau poussiéreux à la main, à la recherche d'une obscure carte au trésor...
La classification de certains documents, un site principal très... historique, peu de communication au grand public : voilà les ingrédients d'une pâtisserie très indigeste : le flan au manque de notoriété et son malentendu confit. Mais cela change. Non, le SHD n'est pas une institution poussiéreuse ! Il est bien vivant, et a choisi de le faire savoir dans une petite exposition jusqu'au 23 décembre prochain.
http://www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr/sites/default/files/20150903_BAT-Couv_Katalog.pdf
"Certes, nous conservons de nombreux documents, tant dans les archives qu'à la bibliothèque, explique Jean François Dubos, le chef du département de la bibliothèque, mais nous restaurons des ouvrages, nous appuyons la Recherche et l'Enseignement, nous mettons à la disposition de tout citoyen français, gratuitement, l'immense majorité de nos pièces ou leur version numérisée."
Stéphane montrait aussi la salle des emblèmes et la salle de lecture dans l'un des ses duplex du 14 juillet :
Le SHD est en fait derrière toutes sortes d'actions bien visibles (elles), mais dans un relatif anonymat. "Imaginez, par exemple [Oeil malicieux sur le "par exemple", ndlr] que le président de la République se rende au Mali, et qu'il souhaite évoquer les anciens tirailleurs morts pour la France, explique jean-François Dubos. C'est auprès du SHD que l'Elysée puisera ses informations." Et pour de telles demandes, toujours pour la veille, il vaut mieux être vif et préparé...
Plus insolite, le service abrite une division chargée de la "symbolique de défense". Telle promotion de Saint-Cyr veut choisir son emblème ? Tel unité en opération extérieure veut un écusson spécifique ? C'est le SHD qui valide, suggère, corrige, dessine.
Plus prosaïque : comment prouver ses états de service pour faire valoir ses droits en tant qu'ancien combattant ? C'est souvent le SHD qui détient les papiers.
Plus prudent : Comment documenter le fait que tel ou tel terrain a été bombardé, afin d'y construire sans risque de détonation ou de pollution ? Là-encore, c'est le SHD qui peut répondre aux architectes ou aux maîtres d'oeuvre. Exemple de document utile à ce sujet : un plan de bombardement de la Royal Air Force
On pourrait croire par ailleurs que gérer les fonds du SHD, présents sur 10 sites en France, dont Vincennes, est un boulot tranquille pour pré-retraité exempt d'asthme. L'armée fournirait de droit ses documents chaque année, qui deviendraient des archives après délai légal. Mais c'est faux, ou plutôt très partiel ! Le SHD est en permanence à l’affût, par exemple dans les librairies et les salles des ventes. Chaque année il acquiert des pièces jugées indispensables au patrimoine et/ou utiles à la recherche, dans les limites de son budget. D'ailleurs, un manuscrit du XIXè siècle récemment acheté fait en ce moment même l'objet d'un travail, peut être d'une future thèse. Voici quelques exemples, dont Jean-François Dubos n'est pas peu fier :
Almanach et état de la gendarmerie pour l’année 1777, Nancy, chez la veuve Leclerc, 1777
Cet almanach est très rare, puisqu’aucun exemplaire de ce document n’est répertorié dans une collection publique en France. Il constitue un document précieux pour l’étude du personnel militaire de l’époque, et présente de surcroît une superbe reliure de maroquin brun aux armes royales. Achat en salle des ventes, 2014 (2200 €)
Cahier de chansons appartenant à Henri Caquet, sapeur au 146e régiment d’infanterie, 1898
Ce recueil manuscrit de 185 chansons illustrées de nombreux dessins témoigne de la vie de caserne à la veille de la Première Guerre mondiale. Appelé pour trois ans, Henri Caquet exerce les fonctions de sapeur au sein de son régiment, caserné à Toul. Ses textes sont parfois émaillés de mentions telles que « 678 jours demain et la fin de ce bagne »… Couvrure en drap d’uniforme et attributs militaires contrecollés. Achat en librairie, 2014 (400 €)
CABRIAL, Jean, Journal de la guerre 1914-1918 à la 3e Cie du 92e RI, 1916-1918
Ce manuscrit exceptionnel et inédit est l’œuvre d’un sergent d’infanterie qui, instituteur après la guerre, couchera sur le papier ses souvenirs. Il les accompagnera de dessins d’une qualité remarquable, qui en font un témoignage important sur le quotidien d’un jeune sous-officier d’infanterie. Achat en librairie, 2014 (5 000 €)
Le synthèse des ces missions, auxquelles il faut ajouter la numérisation réalisée en interne ou en partenariat avec la Bibliothèque Nationale de France, fait du SHD un service unique au monde. J'ai retrouvé ses responsables avec plaisir pour la préparation de notre spéciale 11 novembre. Il n'est pas impossible que certaines pièces rares se retrouvent à l'antenne...
A suivre...
Le SHD est en fait derrière toutes sortes d'actions bien visibles (elles), mais dans un relatif anonymat. "Imaginez, par exemple [Oeil malicieux sur le "par exemple", ndlr] que le président de la République se rende au Mali, et qu'il souhaite évoquer les anciens tirailleurs morts pour la France, explique Jean-François Dubos. C'est auprès du SHD que l'Elysée puisera ses informations." Et pour de telles demandes, toujours pour la veille, il vaut mieux être réactif et préparé... »
Plus insolite, le service abrite un département chargé de la "symbolique de Défense". Telle promotion de Saint-Cyr veut choisir son insigne ? Telle unité en opération extérieure veut un écusson spécifique ? C'est le SHD qui valide, suggère, corrige, dessine.
On pourrait croire, par ailleurs, que gérer les fonds du SHD, présents sur 10 sites en France, dont Vincennes, est un boulot tranquille pour pré-retraité exempt d'asthme. L'armée fournirait de droit ses documents chaque année, qui deviendraient des archives après délai légal. Mais c'est faux, ou plutôt très partiel. "Notre collection n'est pas exhaustive, affirme Jean-François Dubos. Le SHD est en permanence à l’affût, par exemple dans les librairies et les salles des ventes. Chaque année il acquiert ainsi des pièces jugées indispensables au patrimoine et/ou utiles à la recherche, dans les limites de son budget." D'ailleurs, un manuscrit du 19e siècle, récemment acheté, fait en ce moment même l'objet d'un travail, peut-être d'une future thèse. Voici quelques exemples, dont Jean-François Dubos n'est pas peu fier...
Almanach et état de la gendarmerie pour l’année 1777, Nancy, chez la veuve Leclerc, 1777.
Cet almanach est très rare, puisqu’aucun exemplaire de ce document n’est répertorié dans une collection publique en France. Il constitue un document précieux pour l’étude du personnel militaire de l’époque, et présente de surcroît une superbe reliure de maroquin brun aux armes royales. Achat en salle des ventes, 2014 (2200 €)
Cahier de chansons appartenant à Henri Caquet, sapeur au 146e régiment d’infanterie, 1898
Ce recueil manuscrit de 185 chansons illustrées de nombreux dessins témoigne de la vie de caserne à la veille de la Première Guerre mondiale. Appelé pour trois ans, Henri Caquet exerce les fonctions de sapeur au sein de son régiment, caserné à Toul. Ses textes sont parfois émaillés de mentions telles que « 678 jours demain et la fin de ce bagne »… Couvrure en drap d’uniforme et attributs militaires contrecollés. Achat en librairie, 2014 (400 €)
CABRIAL, Jean, Journal de la guerre 1914-1918 à la 3e Cie du 92e RI, 1916-1918
Ce manuscrit exceptionnel et inédit est l’œuvre d’un sergent d’infanterie qui, instituteur après la guerre, couchera sur le papier ses souvenirs. Il les accompagnera de dessins d’une qualité remarquable, qui en font un témoignage important sur le quotidien d’un jeune sous-officier d’infanterie. Achat en librairie, 2014 (5 000 €)
Il arrive même que des architectes ou des maîtres d'oeuvre aient besoin de documents... explosifs ! Blague à part, les photographies de bombardements ont encore une importance capitale pour la sécurité des riverains et des ouvriers lors d'un chantier :
La synthèse des ces missions, auxquelles il faut ajouter la numérisation réalisée en interne ou en partenariat avec la Bibliothèque nationale de France, fait du SHD un service unique au monde, où archivistes, bibliothécaires, historiens et symbolistes contribuent à l’enrichissement, la conservation et la mise à disposition d’un patrimoine qui appartient à tous. J'ai retrouvé ses responsables avec plaisir pour la préparation de notre spéciale 11 novembre.
Il n'est pas impossible que certaines pièces rares se retrouvent à l'antenne.
A suivre...
Photos et légendes : SHD