Une héroïne ET une auteure

Je poursuis mon retour sur la documentation qui m'a servi à construire l'édition spéciale consacrée à l'entrée au Panthéon de Geneviève De Gaulle Anthonioz. Elle savait être clairvoyante dans le brouillard de la défaite de 1940, elle savait résister, s'opposer. Et elle savait écrire.

En visionnant tant et plus d’interviewes et discours de Geneviève de Gaulle Anthonioz, j’ai pu mesurer ses progrès face aux caméras. Mais je garde l’impression très nette d’une certaine aversion de sa part pour ce mode d’expression. Ces entretiens, elle les a accepté par devoir, et cela se sent. Elle parle avec fluidité mais sans envie. (là ou Germaine Tillion fait preuve de malice et déborde d’énergie). En revanche, il se dégage de ce livre une grande aisance. Je ne sais pas si le fait d’écrire lui a servi de thérapie, comme un cliché tenace tend à le dire de tous les témoignages douloureux. Peut-être est-ce une question de génération ? En tous cas, Geneviève s’accomplit comme auteure dans la traversée de la nuit. C’est une œuvre littéraire. On y comprend les sources de son courage : la foi chrétienne, la conviction politique, la fierté qui procure l’obsession de la dignité (que d’énergie quotidienne pour se maintenir propre dans le cloaque de Ravensbrück !). On y comprend également la source de son engagement d’après guerre, qu’elle formulera très clairement à la télévision dans les années 70, la misère de Ravensbrück avait bien des points communs avec celle des bidonvilles français.

La traversée de la nuit, par Geneviève De Gaulle Anthonioz, éd. du Seuil, 1998, Points, 2000.

Photo Pascal Doucet-Bon

Publié par Pascal Doucet-Bon / Catégories : Non classé