Je viens de lire le livre de Pauline Godart, l'ABA à l'école.
Il s'agit d'un manuel dont l'objectif est d'aider les enseignants, familles et accompagnants (AVS par ex.) à améliorer l'accueil des enfants "atypiques" en classe. J'entends par atypiques les enfants peu réceptifs aux conditions classique d'enseignement (même si ce manuel peut tout aussi bien contribuer à favoriser les apprentissages de tous les enfants !). Ce livre a le mérite d'être écrit dans un langage non technique et propose des exemples concrets d'applications de ce que l'on pourrait appeler la pédagogie positive.
La pédagogie positive, c'est quoi ?
Pour faire simple, la pédagogie positive est un mélange de 3 ingrédients principaux :
- Une focalisation sur les forces et les intérêts de l'enfant.
- Une plus grande individualisation des apprentissages (cette individualisation est un challenge dans le contexte du groupe classe, mais la présence d'un accompagnant permet certains aménagements).
- Une référence aux principes issus de la science du comportement.
A partir de ces 3 ingrédients, l'auteure vous informe des pré-requis nécessaires à une meilleure intégration scolaire et vous guide pas à pas vers une amélioration des conditions d'enseignement.
Une ouverture à la différence
Cet ouvrage met donc en avant les possibilités d'aider plus efficacement les élèves. Ces aides se nourrissent à la fois d'une connaissance des besoins de l'enfant, d'un savoir-faire technique et d'une bonne communication entre les différents acteurs investis auprès de l'enfant (familles, établissements et accompagnants). Cependant, la pierre angulaire de l'accompagnement d'un enfant différent en classe relève surtout du positionnement de ces acteurs face à la différence. La qualité de l'accompagnement sera en effet déterminée pour beaucoup par une certaine souplesse, l'acceptation d'une remise en question des ses automatismes face à ce qui sort de la norme.
Politiquement, les choses vont dans le bon sens. L'évolution de la conception du handicap en est d'ailleurs une bonne illustration : globalement, nous sommes passés d'un modèle médical axé principalement sur les déficits intrinsèques à l’individu à un modèle social dans lequel le handicap ne dépend plus des attributs de l'individu, mais plutôt d'un ensemble de conditions dont beaucoup sont créées par l'environnement social (voir la classification internationale des fonctionnements, du handicap et de la santé, adoptée au début des années 2000 par l’OMS). A travers cette évolution s'opère donc un changement sur la question de la responsabilité : la gestion du handicap relève plus d'une responsabilité collective qu'individuelle.
Prenons l'exemple de l'autisme, un sujet qui m'est familier. Selon le modèle social du handicap, c'est l'environnement scolaire qui va déterminer en grande partie le niveau de handicap dans lequel va se retrouver l'enfant. Une équipe scolaire bienveillante, qui met à contribution le dialogue avec la famille et qui facilite des aménagements éthiques et individualisés mettra l'enfant autiste dans une situation moins handicapante qu'une équipe cherchant à tout prix à le normaliser.
La politique du handicap a donc connu une importante évolution. Mais dans les faits, il est encore difficile pour beaucoup de familles de dérocher une scolarisation adaptée pour leur enfant, notamment en France (pour mieux comprendre les raisons de cette exception française, cliquez ici). Notre pays applaudit souvent les belles idées sociales, mais concrètement, nous avons encore du chemin à parcourir pour véritablement se proclamer culture tolérante.