Les troubles obsessionnels compulsifs exposés en photos

Andrea Aggradi

Ce post s’inspire d’un article paru sur la plate-forme vice.com. 

Du 7 octobre au 17 novembre 2016 à Paris1, vous pouvez voir une exposition de photos intitulée « TOC (Trouble Obsessionnel Compulsif) ».

L’ « artiste », Andrea Aggradi, est atteint de troubles obsessionnels compulsifs (TOC) depuis une quinzaine d’années.

Les TOC, c’est quoi ?

Le trouble obsessionnel compulsif (TOC) est caractérisé par des comportements répétitifs et irrépressibles qui sont envahissant au point d’entrainer une perte de temps et une souffrance importantes. Il toucherait entre 2 et 3% de la population. Les comportements répétitifs peuvent prendre plusieurs formes, l’une d’entre elles consiste à vérifier plusieurs fois que l’on a bien fait telle ou telle chose.

Un besoin irrépressible de vérification

Chez Andrea Aggradi, le trouble se caractérise actuellement par une irrépressible envie de vérifier, à plusieurs reprises dans une même journée, qu’il a bien coupé le robinet d’eau de sa cuisine, le robinet du gaz, que les cigarettes sont bien éteintes dans le cendrier et qu’il a bien fermé sa porte à clef. Le quotidien d’Andrea peut donc être parfois très contraignant, ce besoin de vérifier l’obligeant à faire de nombreux allers-retours.

Mais depuis 2010 et l’arrivée des smartphones, les choses ont changé pour Andrea. Il s’est mis en effet à prendre en photo ses robinets d’eau et de gaz, son cendrier et la serrure de sa porte juste avant de quitter son domicile. Plutôt que d’aller vérifier que tout va bien chez lui, il n’a donc plus qu’à regarder les photos sur son smartphone : « Avant ça, il m'arrivait de faire cinq ou six demi-tours d'affilée pour tout vérifier. C'était beaucoup plus préoccupant ».

En quoi prendre des photos pourrait-il aider à diminuer les TOC ?

Au bout de 6 années, Andrea Aggradi a accumulé plus de 3000 clichés ! A partir de tout ce matériel, il a décidé, avec le soutien d’une maison de microédition, d’un directeur artistique et d’un galeriste, de monter une exposition avec toutes ces photos.  

L’avantage de prendre des photos permet ainsi à Andrea de gagner du temps dans sa journée. Le problème, c’est qu’en faisant ainsi, il ne fait que remplacer un comportement de vérification par un autre et entretien donc ces comportements répétitifs. D’ailleurs, il est probable que regarder les photos finisse par ne plus suffire : « Bon, après, je t'avoue qu'il m'est également arrivé de mettre en doute les photos sur mon smartphone ». En psychothérapie, on essaie au contraire d’apprendre au patient à diminuer ces comportements de vérification. 

Mais il faut reconnaitre que cette exposition a au moins le mérite de faire parler des TOC et de permettre à Andrea de s’engager dans des comportements alternatifs plus adaptés.

Pour en savoir plus sur ce trouble, vous pouvez consulter le site de l'Association Française de personnes souffrant de Troubles Obsessionnels et Compulsifs (AFTOC) en cliquant ici.

  1. Galerie Jitterbug, 14 rue Jean Moinon, dans le 10ème arrondissement de Paris.