Aujourd’hui, plus de la moitié des cartes bancaires en circulation sont équipées de la technologie dite « sans contact » (80% en seront équipées d’ici 2020).
Le paiement sans contact, c’est quoi ?
Depuis quelques années, la fonction « sans contact » de votre carte bancaire vous permet de régler vos achats sans avoir à taper votre code, simplement en posant votre carte sur le terminal de paiement (pour un montant maximum de 20 euros). Aujourd’hui, de nombreux commerçants sont équipés de ce terminal et l’on voit également apparaître un peu partout des distributeurs automatiques équipés en terminaux de paiement sans contact (les distributeurs de snacks ou de café dans les gares par exemple).
Le paiement « sans contact », quels risques ?
La plupart des associations de consommateurs et la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés) pointent 2 inconvénients majeurs à l’utilisation de cette technologie : un risque plus important de piratage et une utilisation frauduleuse de votre carte en cas de perte ou de vol.
Le paiement « sans contact », quels effets sur vos habitudes de consommation ?
Vous êtes de plus en plus nombreux à utiliser votre carte bancaire pour régler des petits achats à la place d’un paiement en espèces. C’est en effet un moyen pratique et facile de payer lorsque vous n’avez pas de monnaie en poche. Mais ne vous êtes-vous jamais demandé si le paiement « sans contact » vous faisait dépenser plus que lorsque cette technologie n’existait pas ? Cette question n’est pas anodine, puisque les enjeux financiers sont colossaux (en 2015, près de 230 millions de transactions ont été réalisées via le paiement « sans contact », pour un montant de 2,5 milliards d’euros). Pour y répondre, il est nécessaire de remettre vos comportements d’achat en perspective :
Une analyse classique de vos comportements d’achat consiste à dire que chacun est responsable de ses comportements, qu’il n’y a pas de raison apparente pour que le paiement « sans contact » vous fasse dépenser plus d’argent que si vous deviez payer en espèces. Pour le dire autrement, dans la psychologie du sens commun, ce que vous faites à un moment est uniquement fonction de ce que vous voulez : la seule différence entre un paiement « sans contact » et un paiement en liquide, c’est la forme de la transaction, car au final, vous dépensez la même somme.
Raisonner ainsi, c’est penser que les comportements d’achats sont une propriété essentielle de l’être humain : vous dépensez votre argent parce que vous le décidez et rien ni personne ne pourrait vous influencer.
En réalité, les choses sont un peu plus compliquées que cela. Un comportement d’achat (et n’importe quel comportement d’ailleurs) n’est pas le résultat de votre simple volonté, mais plutôt d’une interaction entre vous et votre environnement : on dit que le comportement est une propriété relationnelle de l’organisme. Et c’est cette notion d’interaction entre vous et votre environnement qui va faire que vos comportements vont être modifiés. Ainsi, en vous proposant un moyen de paiement « sans contact », les organismes financiers agissent sur les déterminants de vos comportements d’achat, même si vous avez l’impression que cela n’a aucune influence sur vous…
Le paiement « sans contact » agit sur votre « motivation » à consommer
Votre comportement d’achat n’apparait donc pas « tout seul », mais dans un contexte. Il n’est pas uniquement déterminé par votre libre arbitre de consommateur, mais il est plutôt le résultat d’une interaction entre vous et les différents outils mis à votre disposition pour consommer.
Pour simplifier, chacun de vos comportements d’achat, aussi banal soit-il (acheter une barre de chocolat par exemple) est réalisé dans le contexte d'un ensemble particulier de conditions qui jouent un rôle important dans votre motivation et vos apprentissages. Parmi ces conditions, il y a bien-sûr le plaisir éprouvé par l’achat du produit (satisfaire une envie de chocolat pour reprendre mon exemple), mais pas uniquement. Votre comportement d’achat est aussi déterminé par l’ « effort » nécessaire pour le mettre en oeuvre : à faim équivalente, vous serez plus enclin à acheter une barre de chocolat si vous devez la payer en posant votre carte bancaire que si vous devez l’acheter avec des pièces de monnaie, surtout si vous n’avez pas d’espèces sur vous. De plus, dépenser une pièce de 2 euros pour acheter une barre de chocolat entame votre capital d’une façon beaucoup plus concrète que si vous deviez la payer par carte bancaire : l’achat virtuel vous donne en effet l’impression de moins dépenser votre argent puisque vous ne voyez pas tout de suite vos économies diminuer.
En résumé, la diminution de l’ « effort » d’achat et l’impression que vous avez de moins dépenser votre argent augmentent le « pouvoir attractif » de la barre de chocolat : payer avec une carte bancaire « sans contact » augmente ainsi votre « motivation » d’achat.
Pour conclure…
Par rapport à un paiement en espèces, le règlement de petits achats via votre carte « sans contact » risque donc de vous faire dépenser plus d’argent, que vous le vouliez ou non. Bien-sûr, vous pouvez refuser ou désactiver ce service. Mais cette opération vous demandera un « effort » que peu d’entre vous serez disposés à faire.
Cette technologie de paiement « sans contact » s’inscrit dans un nouveau mode de consommation de grande envergure basé sur la dématérialisation de la monnaie (vous pouvez notamment payer de plus en plus facilement avec vos smartphones). En connaissant les effets collatéraux de ces nouvelles façons de consommer, une société responsable n’aurait-elle alors pas intérêt à prévoir des garde-fous pour protéger ses consommateurs ?