Difficile d’imaginer qu’il puisse exister un quelconque rapport entre les mathématiques et l’amour. Les mathématiques sont en effet un domaine de recherche scientifique, tandis que le concept d’amour est en apparence plutôt imprévisible et irrationnel.
Pourtant, selon la mathématicienne Hannah Fry, l’amour pourrait bel et bien être régi par des modèles mathématiques. Ainsi, comme pour le fonctionnement boursier ou les cycles météorologiques, la méthodologie mathématique pourrait aussi nous procurer des modèles de prédication en amour. Voici donc trois exemples d’utilisation des mathématiques pour optimiser votre vie amoureuse :
Comment maximiser ses chances de succès sur les sites de rencontre ?
De façon évidente, la manière de présenter votre profil sur les sites Tinder ou Meetic va influencer votre popularité. Vous pourriez même penser que plus vous êtes attractif physiquement, plus votre profil sera consulté. Mais grâce à une analyse mathématique des données recueillies sur ces sites de rencontres, il apparaît au contraire que c’est en laissant croire que vous êtes physiquement « banal » que votre profil sera plus volontiers consulté. En voici une explication :
Tout le monde est à peu près unanime pour dire que Brad Pitt est un beau mec (spécialement dans le film Fight Club). Alors qu’en étant physiquement « banal », vous divisez les opinions quant à votre niveau d’attractivité : certain vous trouveront attirant, d’autres non. Et c’est justement cette diversité d’opinion au sujet de votre physique qui jouera en votre faveur. Ainsi, si quelqu’un vous trouve attirant, mais soupçonne en même temps que les autres ne sont pas de cet avis et qu’ils ne sont donc pas intéressés par votre profil, cela entraîne tout simplement moins de concurrence pour la personne qui consulte votre profil et qui sera donc plus incité à prendre contact avec vous. Tandis que si vous sortez avec Brad Pitt, il vous faudra redoubler de créativité pour faire face à une concurrence très importante.
Comment choisir la personne idéale ?
Comment savoir si votre conjoint(e) est « le bon » (ou « la bonne ») ? Comment être sûr de ne pas regretter de s’engager dans un mariage, une vie de famille, alors qu’il existe tant d’autres opportunités de rencontres ? Comment être sûr que vous ne pourrez pas rencontrer « mieux » que la personne avec qui vivez actuellement ? Bien-sûr, il semble impossible de répondre à cette question. Pourtant, encore une fois, les mathématiques peuvent vous aider à diminuer les chances de vous tromper dans le choix de votre partenaire. Explication :
De manière général, il est conseillé de ne pas vous « précipiter » en épousant le premier venu, tout autant qu’il est déconseillé de trop attendre avant de vous engager. A ce sujet, il existe une théorie mathématique appelée « théorie de l’arrêt optimal » qui vous permet justement de déterminer avec le taux de réussite le plus élevé quel sera le bon moment pour vous engager. Cette théorie suggère d’abord de rejeter tous les prétendants que vous rencontrez pendant les premiers 37% de votre vie amoureuse (disons entre 15 et 35 ans). Passé ces 37%, la théorie dit ensuite de choisir la prochaine personne qui sera meilleure que toutes les autres déjà rencontrés… En agissant ainsi, et cela est mathématiquement démontrable d’après l’auteure, vous maximiserez vos chances de trouver la ou le partenaire idéal(e). Bien-sûr, cette façon de faire comporte un risque (celui par exemple de ne jamais trouver mieux que le premier flirt de vos 15 ans que vous aurez froidement rejeté), mais ce risque est statistiquement minimisé.
Je vous l’accorde, cette façon cartésienne de choisir son partenaire n’est pas très romantique : « Chéri(e), je t’aime et c’est toi que j’ai choisi car tu es ce que j’ai rencontré de mieux après les premiers 37% de ma vie amoureuse ! ».
Ce qui est intéressant, c’est que certaines espèces animales utiliseraient exactement cette même stratégie. Par exemple, il est constaté que des poissons rejettent tous les prétendants qui se présentent à eux lors des premiers 37% de la saison des amours et ils choisissent ensuite le premier venu après cette période pour procréer. Les êtres humains adopteraient donc la même stratégie sans s’en rendre compte (dixit Hannah Fry).
Comment éviter le divorce ?
Supposons maintenant que vous ayez rencontré la ou le partenaire idéal(e). Malheureusement aujourd’hui, près d’un mariage sur deux se termine en divorce. Existerait-il aussi des travaux scientifiques qui permettraient justement de prédire ces divorces ? La réponse est oui et l’on doit notamment ces travaux au psychologue John Gottman. Il apparaît qu’un des indicateurs important pour prédire une séparation est « à quel point chacun est positif ou négatif pendant leurs conversations ». Ainsi, « les couples à faible profil de risque de séparation ont plus de points positifs que négatifs sur l’échelle de Gottman. Alors que les mauvaises relations susceptibles de finir en divorce se trouvent dans une spirale de négativité ». Avec cette échelle, et pour l’ensemble des participants à ses travaux, John Gottman a ainsi pu prédire un divorce avec 90% d’exactitude.
Le mathématicien James Murray a complété ces résultats en proposant carrément une équation mathématique prédictive du divorce. Plus précisément, cette équation permet de prédire comment l’homme ou la femme vont répondre dans leur prochain tour de conversation, à quel point ils vont être positifs ou négatifs et donc entrainer ou non une « spirale de négativité ». Schématiquement, l’équation ressemble un peu à ça :
Y = X + Z + R,
où Y correspond à la réponse de la femme ou de l’homme. Y dépendrait donc de X (l’humeur de la femme ou de l’homme lorsqu’elle ou il est seul(e)), de Z (l’humeur de la femme ou de l’homme lorsqu’elle ou il est en compagnie de son ou sa conjoint(e)), mais aussi et surtout de R qui correspond à ce que l’on appelle le « seuil de négativité ». Le « seuil de négativité » est le seuil à partir duquel la femme ou l’homme commencent à s’agacer dans une discussion. On pourrait croire que dans un couple, plus on est tolérant et l’on fait de compromis (et donc que plus le seuil de négativité est élevé), meilleure sera la relation. Mais c’est en réalité le contraire qui se passe : c’est lorsque ce « seuil de négativité » est le plus bas que les couples durent. « Ce sont les couples qui ne laissent rien passer et se donnent assez d’espace pour se plaindre (…), les couples qui essaient constamment de réparer leur relation, qui ont une perspective plus positive de leur union » (Hannah Fry). Mathématiquement parlant, cela veut dire qu’il ne faudrait pas laisser une dispute inachevée pour voir son couple subsister.
Ce que rajoute l’auteure et qui est intéressant, c’est que cette équation permettrait également de décrire les relations entre deux pays lancés dans une course à l’armement…
Ce post est un résumé de la conférence TED d’Hannah Fry (avril 2014) :