Vous avez certainement entendu parler des personnes qui souffrent d'hypersensibilité électromagnétique. Elles développent différents symptômes gênants en présence d'ondes électromagnétiques émises notamment par les téléphones portables. On dit que ces personnes sont électro-sensibles. À proximité d’ondes électromagnétiques, elles présentent en effet une fatigue chronique, des maux de tête ou encore des vertiges.
Ces personnes sont souvent convaincues que c'est l'exposition à des champs électro-magnétiques qui serait la cause de leurs souffrances. Pourtant, rien ne permet aujourd'hui d'affirmer qu’il y ai une relation de causalité entre leurs symptômes et la présence d’un champ électromagnétique.
Des symptômes bien réels
Il ne s'agit pas de remettre en question la souffrance de ces personnes qui est bien réelle. Il s'agit plutôt d'interroger les causes de l’apparition de leurs symptômes. Car si ces symptômes existent, mais qu’ils ne sont pas causés par les ondes, comment pourrait-on les expliquer ?
Au moins deux éléments de réponse possibles à cette question:
- Tout d’abord, ces manifestations somatiques pourraient très bien être la conséquence d’une phobie spécifique aux ondes. L’élément phobique (les ondes) déclenche chez la personne une réaction physiologique de stress (maux de tête, vertiges) qui la pousse à éviter les lieux remplis d’ondes électromagnétiques. Dans ce cas, les symptômes sont attribués, à tort, à une hypersensibilité électromagnétique (HSEM), alors qu’ils correspondent en réalité à un trouble anxieux.
- Nous pouvons également expliquer ces symptômes par un phénomène bien connu des médecins, l’effet nocebo. Son principe est le même que celui de l’effet placebo, mais au lieu de nous soulager, l’effet nocebo produit au contraire des effets néfastes.
Qu’est-ce que l’effet nocebo ?
L’effet nocebo est surtout évoqué à propos de la prise de médicaments : le simple fait de s’attendre à des effets secondaires pourrait favoriser leurs apparitions.
Selon les théories de l’apprentissage, l’effet nocebo serait une réponse conditionnée, c’est-à-dire une réponse apprise par l’organisme. Par exemple : vous commencez un nouveau traitement médicamenteux sur dix jours. Le même jour que la première prise de ce traitement, il se trouve, par hasard, que vous ressentez également des maux de tête. Vous lisez alors la notice de ce nouveau médicament et vous apercevez qu’il peut entraîner comme effet secondaire des céphalées. Et bien même si vos maux de tête n’étaient au départ pas du tout causés par le traitement, vous aurez quand même tendance à développer plus facilement des céphalées lors d’une prochaine prise de ce médicament. Vous aurez donc attribuez, à tort, vos maux tête à la prise du médicament et cette conviction favorisera l’apparition future des effets secondaires. C’est par un mécanisme d’apprentissage associatif nommé conditionnement répondant que votre organisme aura donc tendance à reproduire le symptôme lors d’une nouvelle prise du médicament, sans que la cause "réelle" initiale soit présente.
Autre exemple : « Des patients atteints de sclérose en plaque ont participé à une évaluation des effets secondaires du traitement par interféron. 23% des malades qui recevaient du sérum physiologique ont développé une réaction fébrile signalée par la notice" (source : magazine de la santé).
On peut donc développer des symptômes bien réels, simplement par crainte qu'ils apparaissent. Comme pour les effets secondaires des médicaments, il est donc tout à fait probable que l’effet nocebo soit en partie responsable de l’apparition des symptômes observés chez les personnes dites électro-sensibles. Des études ont d’ailleurs montré que des participants se déclarant hypersensibles aux ondes électromagnétiques pouvaient ressentir des symptômes en présence d’une exposition réelle aux ondes, tout autant qu’en présence d’une exposition fictive.