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Vous avez certainement dû entendre parler de l’effet placebo. Vous savez, cet effet positif que procure un médicament sur votre organisme alors qu’il ne contient aucune substance active.
Les substrats biologiques de l’effet placebo ont été étudiés en imagerie cérébrale. Il apparaît que malgré l’absence de substance active, le placebo produit réellement des effets biologiques sur l’organisme. Ainsi, dans le cas de patients atteints de la maladie de parkinson (présentant un déficit en dopamine), la prise d’un placebo dopaminergique provoque une libération de dopamine endogène dans le cerveau. De même, un placebo de caféine donné à des individus sains induit chez eux des effets similaires à une absorption réelle de caféine, c’est-à-dire une libération de dopamine dans certaines régions de leur cerveau.
Il est reconnu que l’effet placebo est plus important dans le traitement de certains troubles ou symptômes comme la douleur, l’insomnie, les états anxieux et dépressifs. D’autres facteurs influencent également l’effet placebo : la personnalité du médecin, son supposé savoir, l’attention qu’il porte à ses malades, mais aussi la personnalité du patient, la puissance présumée du traitement prescrit ou encore sa voie d’administration (intraveineuse, comprimés, gouttes, etc.). La prescription a également de l’importance, car en passant par les mains du médecin, le médicament gagne en efficacité supposée. Ainsi, les médicaments qui deviennent disponibles sans ordonnance voient tout à coup leur efficacité diminuer.
Comme le « vrai » médicament, le placebo peut également entraîner une dépendance et peut même avoir des effets secondaires, nommés effets nocebo.
Comment expliquer l’effet placebo ?
L’effet placebo serait une réponse conditionnée de type pavlovien. De quoi s’agit-il ?
Le physiologiste Russe Pavlov a mis en évidence un type d’apprentissage par conditionnement dit répondant. Ses expériences sur le chien sont assez bien connues aujourd’hui, elles consistent à provoquer la salivation de l’animal au seul son d’une cloche.
Explications : l’ingestion de nourriture est un stimulus qui entraîne une salivation chez tous les individus d’une même espèce (cela aide à la digestion des aliments). La salivation est donc un comportement réflexe inné, tout comme par exemple les changements de rythme cardiaque en réponse aux changements de température.
Contrairement aux aliments, le son de la cloche ne déclenche pas de salivation a priori, on dit que c’est un stimulus neutre. Mais si l’on fait précéder à plusieurs reprise l’administration de nourriture d’un son de cloche, ce son devient capable à lui seul de provoquer la salivation du chien, malgré l’absence de la nourriture.
On dit que la salivation du chien déclenchée par le son de cloche est un comportement appris par conditionnement répondant. Bien sûr, l’être humain est également sujet à ce type de conditionnement. Par exemple : frissonner lorsque l’on voit de la neige ; avoir une accélération de son rythme cardiaque quand on réécoute une musique entendue lors d’un premier rencard ; avoir la nausée en sentant un alcool qui nous a fait vomir lors d’une précédente cuite ; se boucher les oreilles en voyant quelqu’un allumer un pétard ; l’enfant qui rigole avant que la main de l’adulte vienne lui toucher le ventre pour le chatouiller, etc.
Lorsque l’on absorbe un médicament actif, la réponse biologique de notre organisme (notamment une réponse immunitaire) est associée à différents éléments de l’environnement : le cabinet du médecin, l’hôpital, et surtout la prise du médicament. Pour notre organisme, tous ces évènements sont associés et évoquent donc la même conséquence : la guérison. Par conditionnement, tous ces éléments contextuels seront donc à l’avenir susceptibles d’avoir une action sur notre organisme, au même titre que la substance active elle-même. Bien évidemment, il en résulte que l’effet placebo est particulièrement important quand le malade a déjà été traité par un produit actif.
C’est pour cela qu’il n’est pas rare de se sentir déjà mieux rien qu’en pénétrant dans la salle d’attente de son médecin, voire même après avoir pris le rendez-vous. Également, certaines douleurs chroniques commencent même à diminuer rien qu’en ouvrant son armoire à pharmacie pour y prendre un antalgique.
Un médecin peut-il nous prescrire un placebo ?
L’effet placebo existe, les médecins et les chercheurs le savent bien. Mais s’ils ne prescrivent pas de placebo, c’est principalement pour des raisons éthiques. De plus, malgré son action, l’effet du placebo tend à s’épuiser au bout d’un certain temps et ne peut donc remplacer l'action d'une substance active.
Il existe cependant au moins un médicament placebo officiel en vente dans toutes les bonnes pharmacies : le médicament homéopathique. Les études prouvent que les produits homéopathiques n'ont absolument aucun effet (excepté l'effet placebo !) : les dilutions sont telles que dans la plupart des granules vendus en pharmacie, il y a exactement 0 molécule de produit actif. La matière, composée d'atomes, n'est en effet pas divisible à l'infini, et à force de diluer un produit, on finit par n’avoir plus du tout de molécules de départ.