Un homme pourrait-il avoir un orgasme féminin ?

Shame

L’orgasme féminin a cette réputation d’être beaucoup plus intense qu’une jouissance masculine. On l’appelle même parfois la « petite mort », le degré d’excitation étant si intense qu’il donne l’impression d’une perte de conscience imminente.

De façon plus objective, l’orgasme chez l’homme dure en moyenne beaucoup moins longtemps que chez la femme. L’éjaculation masculine nécessite également un temps réfractaire avant qu’il puisse y avoir à nouveau une éjaculation, contrairement aux femmes qui restent stimulables après la jouissance et peuvent ainsi avoir des orgasmes multiples.

Même si l’on connaît les différences physiologiques entre le mécanisme sexuel des femmes et celui des hommes, l’évaluation de la qualité du plaisir selon le sexe reste très subjective, surtout sous l’emprise de stupéfiants. C’est ce qu’illustre ce récit d’une expérience vécue par un patient, convaincu d’avoir éprouvé un orgasme féminin :

« J’avais 18 ans la première fois que j’ai avalé un ecstasy. C’était à une soirée avec beaucoup de gens. Plus d’une heure après avoir pris la drogue, tous mes copains étaient déjà en plein trip, alors que moi je ne ressentais encore rien. Au bout de deux heures, je suis rentré chez moi, dégoûté d’avoir pris un truc qui ne me faisait aucun effet. À l’époque j’habitais chez mes parents. Je suis allé dans ma chambre, je me suis couché et c’est là que j’ai commencé à me sentir super bien. Je souriais, j’avais le ventre chaud, c’était très agréable. Et plus je souriais, plus je me sentais heureux. J’ai compris que la drogue commençait à faire son effet.

J’avais ce truc dans le ventre, des frissons, comme plein de petites fourmis. Ces fourmis pouvaient être comparées à des sortes de picotements, comme des frissons mais à l’intérieur du corps.

J’avais donc ces fourmis dans mon ventre et je sentais que je pouvais les faire monter plus haut, jusque dans ma tête, mais sans pouvoir y arriver. Une fois passé l’effet de surprise de cette chose nouvelle, je devenais comme observateur de mon plaisir et je me rendais compte qu’il pouvait être encore plus fort ; je sentais que si ces fourmis montaient jusqu’au cerveau, ça serait génial. Je me battais alors pour y arriver.

En respirant de plus en plus fort et de plus en plus vite, je réussissais progressivement à faire parcourir ces fourmis jusqu’à mon visage, ce qui me faisait sourire encore plus.

J’avais l’impression qu’à chaque expiration par la bouche, je faisais entrer dans mon corps ces frissons auxquels j’étais très sensible et qui me faisaient mal de plaisir. Mon corps devenait tellement sensible de l’intérieur que même l’air que j’aspirais me donnait des frissons et me faisait gémir. C’est comme si chaque aspiration faisait s’accumuler encore un peu plus de fourmis dans mon ventre, rendant l’orgasme relativement long à atteindre.

À force de me lâcher, ces picotements ont fini par arriver enfin dans ma tête. J’ai alors eu l’impression que ce truc m’explosait le cerveau. J’étais dans un autre monde.

Je n’avais même pas d’érection. Mon plaisir n’était pas du tout au niveau du sexe, et mes sensations allaient bien au-delà : c’était tout mon corps qui jouissait. J’étais alors persuadé qu’en faisant l’amour, une femme ne sent même plus le corps de son partenaire tant tout est à l’intérieur d’elle.

C’est comme si l’orgasme correspondait à une sorte d’engrenage qu’il fallait débloquer, et qui serait ensuite le parcours d’un troupeau de fourmis qui traverse tout le corps.

Je pouvais en avoir plein d’affilé et j’avais envie que ça dure toujours. Les espaces entre deux orgasmes pouvaient être tellement cours que j’avais l’impression d’un seul orgasme continu.

Au bout d’un moment, je n’en pouvais plus tellement j’avais le cerveau plein de fourmis. Je soupirais, je respirais fort, j’avais envie de crier, de me lâcher.

Ce soir-là, je voulais être une femme !

Après chaque orgasme, je me sentais vraiment bien, zen. Je ressentais un pincement au cœur très agréable ».