La drogue fait-elle votre bonheur ?

tytanium666

Vous êtes un consommateur occasionnel d’alcool, de cannabis ou de cocaïne ? Vous ne vous considérez pas comme dépendant à ces substances ? Et vous ne vous sentez donc pas concerné par les politiques de prévention ? Alors cet article pourrait vous intéresser…

Jusqu’au 20 décembre prochain, les consommateurs de drogues, licites ou non, ont en effet la possibilité de se rendre sur le site de la « Global Drug Survey » pour se soumettre à une enquête sur leurs pratiques. Ce questionnaire anonyme, lancé dans 17 pays, et auquel le journal Libération s’est associé, est l’initiative d’un psychiatre anglais, Adam Winstock.

À l’origine de cette enquête, un constat simple : la majorité des consommateurs considèrent que leur pratique contribue à leur bonheur, bien avant de développer chez eux une dépendance. La plupart des usagers ont en effet une consommation compatible avec une vie socialement adaptée. Selon Adam Winstock, les politiques de prévention devraient donc prendre en considération la notion de plaisir comme motivation à se droguer et ainsi ne plus stigmatiser une majorité des consommateurs qui pourraient se sentirent jugés par les différents messages de prévention. C’est au contraire en acceptant les aspects positifs de leurs pratiques que les consommateurs deviendraient plus enclins à adopter des comportements réduisant les risques liés à leur consommation.

En donnant la parole aux usagers afin d’obtenir une évaluation de leurs pratiques, une telle enquête pourrait donc aider à construire une meilleure politique de prévention.

On peut faire au moins une critique au travail du psychiatre Adam Winstock : il semble difficile de différencier les notions de plaisir et de dépendance. Néanmoins, il est assez malin de « brosser les consommateurs dans le sens du poil » pour les rendre plus favorables à une politique de prévention. Les théories issues de la science du comportement considèrent en effet qu’une bonne coopération facilite les apprentissages, alors qu’une faible prise en considération du point de vue d’autrui a tendance à générer des conflits et des comportements opposés à ceux que l’on souhaite voir apparaître.