Lorsque nos enfants agissent mal, nous pouvons leur mettre une ou deux baffes, une fessée, voire un coup de martinet pour les plus traditionnels d’entre nous. Mais le plus souvent, nous choisissons plutôt de leur crier dessus.
90 % des parents reconnaissent en effet avoir déjà crié sur leurs enfants. Arrivés à bout, nous utilisons cette option pour obtenir de notre enfant qu’il nous écoute enfin (et pour nous soulager).
Une étude1 menée à l’Université de Pittsburgh aux Etats-Unis et publiée au mois de septembre 2013 dans la revue Child Development s’est justement intéressée aux effets des réprimandes orales sur les comportements des enfants.
Les chercheurs ont demandé à 900 parents d’adolescents âgés de 13 ans combien de fois, en une année, ils leur ont crié dessus ou leur ont fait des reproches après qu’ils ont eu un mauvais comportement. Presque la moitié des parents interrogés ont répondu qu’ils haussaient le ton ou utilisaient un vocabulaire sévère pour tenter de punir leurs enfants (45 % des mères et 42 % des pères interrogés).
Les parents qui crient le plus ont des enfants qui ont plus de risque de voir leur mauvais comportement augmenter. C’est également les enfants qui sont confrontés à une fréquence importante de réprimandes orales qui ont le risque le plus élevé de présenter des symptômes de dépression.
Les réprimandes orales des parents pourraient donc avoir des effets contre-productifs et contribuer à empirer les comportements des adolescents. L’hypothèse des auteurs est que quelque soit le nombre de cris ou de reproches adressé à l’enfant, celui-ci n’écoute pas et n’en tient pas compte. Au contraire, la situation empire et la relation devient plus tendue.
Ces résultats doivent être relativisés car ils pourraient être mal interprétés. D’une part, cette recherche peut tout à fait être critiquée. On pourrait notamment reprocher aux chercheurs de laisser les parents évaluer eux-mêmes leur nombre de réprimandes sur une année. D’autre part, les auteurs nous disent que les résultats de leur travail ne peuvent permettre de déterminer si ce sont les cris des parents qui incitent les mauvais comportements des enfants, ou bien au contraire si ce sont les enfants difficiles qui incitent les parents à crier. Enfin, il est difficile d’isoler les effets des réprimandes orales sur les comportements des enfants, d’autres facteurs pouvant aussi les influencer. Bref, ce n’est pas parce que l’on crie sur ses enfants qu’ils vont devenir dépressifs.
Cette étude amène néanmoins à certaines réflexions. Ainsi, pour Alan E. Kazdin, professeur de psychologie et de psychiatrie de l’enfant à l’Université de Yale, le problème avec la punition physique ou orale, est que ce ne sont pas des moyens efficaces pour permettre aux personnes de corriger et d’améliorer leur comportement. Selon lui, nous n’aurions pas besoin de ces procédés pour changer les comportements.
Ce que Kazdin veut dire, c’est que lorsque l’on crie sur un enfant, la seule chose qu’il apprend c’est ce qu’il ne doit pas faire. Mais en aucun cas la punition ne lui apprend ce que l’on attend de lui.
1 Wang, M. T et Kenny, S. (2013). Longitudinal Links Between Fathers’ and Mothers’ Harsh Verbal Discipline and Adolescents’ Conduct Problems and Depressive Symptoms. Child Development.