Le magazine slate.fr vient de publier un article intitulé « comment stopper les pédophiles ? ».
Vaste programme.
Les causes de cette orientation sexuelle « inadaptée » ne sont pas connues, même si certaines hypothèses neurologiques prédisposant à la pédophilie sont avancées. Un tiers des individus abuseurs sexuels auraient été eux-mêmes victime d’un abuseur au cours de leur enfance.
A l’heure actuelle, les différents gouvernements tentent de punir les personnes attirées par les mineurs et qui passent à l’acte. Car bien évidemment, l’abus sexuel sur mineur est illégal et condamné. Contrairement aux lois sur l'agression sexuelle d'un adulte, l'absence de consentement de l'enfant n'est pas requise pour que l'infraction soit constituée : la relation sexuelle en elle-même est illégale. Mais l’emprisonnement a ses limites puisque non seulement l’agression sexuelle a déjà eu lieu au moment de la peine (en quelque sorte, il est déjà trop tard), mais surtout le risque de récidive est important. Il faut néanmoins reconnaître que même si l’incarcération est peu dissuasive, elle présente l’avantage d’empêcher de nouvelles agressions sexuelles pendant le temps de la détention, c’est toujours ça.
Une autre façon de « stopper » le pédophile, du moins l’empêcher de sauter sur tous les enfants qui bougent, consiste en une castration chimique. Certains médicaments faisant baisser le taux de testostérone donnent en effet de bons résultats. Mais comme pour la prison, il est préférable d’identifier l’amateur de personnes mineurs avant son premier passage à l’acte.
Une autre option que l’on pourrait craindre de voir se développer, consisterait à modifier l’orientation sexuelle du pédophile, comme on a pu le faire pour les homosexuels il y a quelques décennies avec les méthodes dites aversives. Pour mémoire, il y a encore 20 ans la psychiatrie considérait l’homosexualité comme un trouble mental. Pour « corriger » cette déviance, des méthodes aversives ont été expérimentées dans les années soixante pour convertir les personnes homosexuelles à l’hétérosexualité. Désormais illégales dans de nombreux pays, ces méthodes consistaient à associer des stimuli excitants pour le sujet à une expérience physique désagréable : dans le cas d’un homme homosexuel par exemple, on lui montrait des photos d’hommes nus en même temps que lui étaient administrés des chocs électriques ou qu’on lui faisait ingérer une substance provoquant une nausée. Certains auteurs rapportent de bons résultats : les sujets n’éprouvaient plus de désir pour les personnes de même sexe, tout stimulus homosexuel étant devenu aversif. L’inconvénient d’une telle technique est qu’elle permettait rarement au sujet de développer une attirance pour des personnes de sexe opposé. Fort heureusement, cette démarche inhumaine de vouloir changer l’orientation sexuelle des homosexuels est aujourd’hui proscrite.
L’article de la revue slate.fr nous rappelle que le moyen le plus utilisé aujourd’hui pour identifier les pédophiles est d’attendre qu’ils passent à l’acte. En effet, presque personne ne se présente aujourd’hui pour se faire soigner avant d'avoir commis une première agression. Les rares pédophiles qui le font admettent l’inadaptation de leur désir et peuvent s’abstenir bien avant le premier passage à l’acte. Mais pour la majorité d’entre eux, avoir l’image d’un « monstre » ne leur donne vraiment pas envie de parler de leurs problèmes : le pédophile est avant tout vu comme un criminel et surtout pas comme une personne qui a besoin de soins. Aux Etats-Unis, la législation impose aux professionnels de santé de signaler toute suspicion d’agression sexuelle sur mineur. Par excès de zèle, ces professionnels auraient tendance à signaler tout patient évoquant leur attirance pour les mineurs, même si aucune agression n’a encore eu lieu. Pourtant, il n’est pas illégal d’avoir des pensées sexuelles envers un public mineur ou prépubère. Les patients sont alors très vites exposés à la machine judiciaire stigmatisante, bien avant de pouvoir bénéficier de soins. Les pédophiles ont donc plutôt intérêt à satisfaire leurs désirs en cachette, en espérant qu’ils ne se fassent pas prendre.
L’enjeu est donc de réussir à prévenir la première agression sexuelle. L’idée développée dans l’article du magazine slate.fr consiste en une déstigmatisation des pédophiles pour qu’en quelque sorte, ils n’aient plus envie de se cacher, qu’ils soient motivés à se confier et à se soigner. Nous n’avons en effet pas le choix dans nos attirances sexuelles et les nier serait une erreur. Une fois ces attirances admises et « acceptées » par la société (ce qui est loin d’être gagné), l’enjeu devient alors principalement de mettre en place du soin : pour les personnes sexuellement attirées par les mineurs, prévoir un espace de parole et trouver avec elles des alternatives pharmacologiques ou éducatives pour respecter les lois, tout en menant une vie heureuse et adaptée.